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Orange : le départ de Stéphane Richard, un séisme pour l'entreprise

La démission de Stéphane Richard risque de fragiliser Orange à l'heure où l'entreprise doit affronter de grands défis. Le décryptage de Fanny Guinochet.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Stéphane Richard, ex-patron d’Orange. (ERIC PIERMONT / AFP)

Stéphane Richard, le patron d’Orange, a été condamné mercredi 24 novembre à un an de prison avec sursis, pour complicité de détournement de fonds publics dans l’affaire Tapie et l’arbitrage du Crédit Lyonnais, lorsqu’il était directeur de cabinet de la ministre de l'Économie Christine Lagarde. Quelques heures plus tard, il présentait sa démission. 

Une page qui se tourne pour Orange : cela faisait plus de dix ans que Stéphane Richard était à la tête du groupe. Il avait succédé à Didier Lombard, alors que le groupe était secoué par une vague des suicides. Stéphane Richard a bien pacifié le climat social. Le PDG avait obtenu le soutien des syndicats, et encore aujourd’hui il était apprécié en interne. Il briguait d’ailleurs un quatrième mandat et cela semblait plutôt bien parti.   

Une période d’intérim va désormais s’ouvrir en attendant l’arrivée du nouveau patron, Stéphane Richard va rester en poste au plus tard jusqu’au 31 janvier. Ça promet d’être un moment de flottement pour le groupe. L’État, actionnaire à 23% devrait opter pour un binôme pour le remplacer à la tête d’Orange, avec d’un côté un président recruté à l’extérieur et de l’autre un directeur général issu des rangs de l’entreprise. Et comme les prétendants en interne ne manquent pas, il risque d’y avoir des tiraillements, ce qui n’est pas bon pour les affaires. 

Orange, leader européen des télécoms

Orange est une grosse machine de 140 000 personnes, dont 82 000 en France. Le groupe a réalisé au 3e trimestre 2021 plus de dix milliards d’euros de chiffre d’affaires et est très bien implanté en Afrique. Reste que ce changement risque de fragiliser le groupe à un moment où il affronte de gros défis, comme le déploiement de la fibre, qui est un levier de croissance important. Orange doit accélérer, notamment dans les campagnes. Surtout que côté téléphonie mobile, la concurrence est très forte, c’est nettement moins rentable qu’avant.  

Les problèmes ne s’arrêtent pas là : d’autres activités du groupe ne fonctionnent pas très bienL’exemple le plus frappant est la création d’Orange Bank, qui a certes séduit plus d’un million et demi de clients mais enregistre 750 millions d’euros de pertes depuis 2017. Stéphane Richard laisse un groupe dans une situation économique et financière saine, mais qui souffre beaucoup en Bourse. Son titre, qui valait plus de 15 euros fin 2019, végète désormais sous les 10 euros. Dans ce contexte, son départ et la période de bouleversements qui s’ouvre risque de dissuader encore un peu plus les investisseurs.

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