Le décryptage éco. Un an après la crise des "gilets jaunes", quels sont les effets des mesures prises ?
Il y a un an, la crise des "gilets jaunes" demarrait. Le gouvernement prenait une série de mesures pour augmenter le pouvoir d'achat des Français. Un an après, quels sont les effets ? Le décryptage de Fanny Guinochet ( journaliste éco à l'Express).
Il y a un an, le mouvement des "gilets jaunes" démarrait. Selon un sondage Odoxa-Dentsu consulting pour franceinfo, publié jeudi, une majorité de Français estime qu’il était "juste" et "utile". Pour y répondre, le gouvernement avait pris une série de mesures.
Emmanuel Macron avait choisi de privilégier le travail : pas question de céder sur une hausse du smic mais il avait revalorisé la prime d’activité, ce complément de revenu pour les travailleurs modestes, et il l’avait élargi à plus de monde. Si bien qu’aujourd’hui, plus de quatre millions de foyers touchent cette prime d’activité. Il y a eu aussi la prime défiscalisée, cette fois versée par les entreprises. Plus de cinq millions de salariés du privé ont eu cette prime pour un montant moyen de 450 euros. Pour 2020, la prime Macron est d’ailleurs reconduite mais cette fois elle est conditionnée à la signature d’un accord d’intéressement avec les salariés. Enfin, toujours pour les actifs, il y a eu aussi les heures sup défiscalisées, sorte de retour "du travailler plus pour gagner plus" de Nicolas Sarkozy. Selon le gouvernement, rien qu’avec cette dernière mesure, les salariés mais aussi les fonctionnaires ont pu bénéficier de trois milliards d’euros de pouvoir d’achat en plus.
Les retraités s’étaient fortement mobilisés sur les ronds-points. Le gouvernement a annulé la hausse de la CSG, la contribution sociale généralisée pour une partie d’entre eux, les plus modestes. Cinq millions ont ainsi été remboursés au printemps de leurs indus du début d’année. Et puis, à l’issue du grand débat national, Emmanuel Macron a aussi annoncé la réindexation des petites retraites.
Des mesures peu ressenties
Plus globalement, il y a eu aussi une accélération des baisses d’impôts sur le revenu. Au total, mises bout à bout, toutes les mesures pour répondre à la crise des "gilets jaunes" se sont traduites par l’injection de 17 milliards d’euros dans l’économie. Concrètement, ça s’est traduit par une hausse du pouvoir d’achat que l’on n’avait pas connue en France depuis plus de dix ans.
Pour autant, deux Français sur trois estiment que le gouvernement n’a pas tenu compte du mouvement. C’est tout le paradoxe, il y a véritablement un décalage entre le pouvoir d’achat ressenti et le pouvoir d’achat réel et puis, même si les mesures "gilets jaunes" ont redonné quelques marges de manoeuvre aux Français, ça ne les a pas rassurés. Par exemple, plutôt que de dépenser ce surplus d’argent, plutôt que de consommer, les Français pour l’instant préfèrent l’épargner. On a 15% de taux d’épargne en France, c’est beaucoup.
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