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Le décryptage éco. La CGT en première ligne de la journée de mobilisation : quelle est l’influence du syndicat ?

À la SNCF, la CGT reste, comme ailleurs dans la fonction publique, le syndicat numéro un, même si entre 2004 et 2015, elle a perdu 10 points chez les cheminots.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet (L'Opinion)
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
On estime qu’en 2016, on comptait 650 000 adhérents à la CGT. (PATRICK KOVARIK / AFP)

Si on regarde les chiffres la Confédération générale du travail, en première ligne de la première journée de mobilisation jeudi 22 mars, reste le syndicat numéro un dans la fonction publique. Elle l’est aussi à la SNCF, même si entre 2004 et 2015, elle a perdu dix points chez les cheminots, si on se base maintenant sur le nombre d’adhérents. L’érosion est très nette. Il est difficile d’avoir des chiffres précis, mais on estime qu’en 2016, on comptait 650 000 adhérents à la CGT. La chute se serait encore accélérée en 2017. Cela tient au vieillissement de ses militants, phénomène que connaissent toutes les centrales. Centenaire, la CGT est d’ailleurs le syndicat français plus ancien, mais cela tient aussi à une image un peu dépassée qu’elle renvoie parfois, comme lorsqu’en 2017, elle fait campagne pour les 32 heures.

Quelle capacité de blocage ?

La CGT reste le syndicat contestataire par excellence et conserve des bastions forts, dans les raffineries, les transports, qui lui permettent d’exercer un vrai pouvoir d’intimidation et de blocage si besoin. Mais cela ne fait pas tout : la CGT s’est beaucoup affaiblie ces dernières années depuis le départ de son ancien numéro un Bernard Thibault, parce qu’elle a adopté une ligne très dure, très politique, qui l’a beaucoup isolée. En 2015, Philippe Martinez a pris les rênes dans un contexte interne tendu mais s’est très vite éloigné du « syndicalisme rassemblé » prôné par ses prédécesseurs, qui permet de faire des alliances. Entre les syndicats réformistes comme la CFDT de Laurent Berger, qui tient au dialogue et à la négociation, et la CGT de Martinez, il y a gouffre.

Peut-elle fédérer un grand mouvement social ?

Fédérer aujourd’hui un grand mouvement social supposerait de réussir à coaguler plusieurs mécontentements. "Faire converger les luttes" est le rêve de Philippe Martinez, lequel rêve de réunir plusieurs millions de personnes dans les rues. Attendons de voir : cela semble pourtant, à tout le moins, compliqué. Il faut à cet égard remonter à 2010 et les mouvements contre la réforme les retraites de Sarkozy pour pouvoir compter plus d’un million de personnes dans les cortèges. Cela tient aussi au fait que les Français plébiscitent d’autres modes d’action et sont moins enclins à la conflictualité à tout prix. On l’a vu dans le secteur privé, où la CFDT est devenue l’année dernière le premier syndicat, doublant la CGT. De fait, lors de ces dernières batailles, la CGT n’a pas obtenu les résultats escomptés. En première ligne contre la loi Travail sous Hollande ou encore contre les ordonnances Macron qui ont réformé le code du travail, la multiplication de journées d’actions n’a pas fait infléchir la politique des gouvernements : les réformes sont passées quand même. Nous verrons si dans ce nouveau bras de fer, la CGT réussira cette fois à faire plier Macron.

Chiffre du jour

9 700 euros : c’est la prime que Porsche va verser à ses salariés après une année 2017 record. Plus de 25 000 salariés en bénéficieront, de l’ingénieur à l’ouvrier à la chaîne.

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