Le décryptage éco. "L'argent, je m'en fous" : le rapport compliqué de Charles Aznavour avec le fisc français
La réussite de Charles Aznavour passait aussi par son patrimoine. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").
Charles Aznavour était considéré comme le chanteur français le plus connu à l'étranger. Avec 180 millions d’albums, il laisse un héritage considérable à ses ayant droits. Charles Aznavour était le père de six enfants, dont un est décédé. Outre ses disques, le chanteur était aussi propriétaire de nombreuses résidences.
Parmi elles, deux villas côte à côte, sur les bords du lac Léman, en Suisse. Et puis, la fameuse "maison des oliviers" à Mouriès, dans les Alpilles, où il s'est éteint. Située dans les Bouches-du-Rhône, cette propriété s'étend sur quatre hectares. Difficile de chiffrer précisément, l’ensemble du patrimoine du chanteur, mais cela se compte évidemment en centaines de millions d’euros. Charles Aznavour, d’ailleurs, ne cachait pas qu’il avait de l’argent, mais il disait : "L’argent, je m’en fous".
Un non-lieu pour fraude fiscale
Charles Aznavour avait eu des démêlés avec le fisc et d’ailleurs, les questions de journalistes sur ce qu'il qualifiait "d'emmerdes" l'agaçaient. Par exemple, Il expliquait s’être installé en Suisse en 1972, pays réputé pour sa fiscalité avantageuse pour les expatriés français, "parce qu’on l’avait poussé à partir", disait-il. Certes, il n’était pas le seul à tenir ce discours, Johnny Hallyday, Gérard Depardieu, ou encore Florent Pagny sont partis pour les mêmes raisons. En 1977, Aznavour comparait pour fraude fiscale. L’affaire se solde par un non-lieu.
Cette histoire lui laisse beaucoup d’amertume. Charles Aznavour détestait qu’on le qualifie "d’exilé fiscal". Il disait payer ses impôts en France et n’hésitait pas, pour défendre son honneur, à se promener avec sa feuille d'impôts dans la poche pour prouver sa bonne foi. Même si cela ne l’empêchait pas de recourir à de l’optimisation en toute légalité et discrètement, et à défiscaliser une partie de ses revenus, notamment au Luxembourg.
De l'argent liquide pour "arranger son coup"
En 2013, il avait créé la surprise avec des révélations fracassantes. Il a alors 90 ans, et au micro de Philippe Vandel, sur franceinfo, dans l’émission "Tout et son contraire", alors qu’il est invité pour parler de son autobiographie. Tant que battra mon cœur, il raconte qu’il a payé des responsables politiques pour se débarrasser de ses problèmes avec le ministère des Finances. Des responsables politiques "de gauche, de droite et même du centre".
Charles Aznavour ne donne aucun nom mais le chanteur évoque des versements en liquide. "Il y avait des gens de la politique qui pouvaient, paraît-il, arranger mon coup et moi j'avançais un peu d'argent en liquide pour (...) dépenser un peu d'argent sur les affiches, etc. Ça, j'en ai eu pas mal. Ça m'a coûté très cher." On ne saura probablement combien et qui. Charles Aznavour est aussi parti avec ses secrets.
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