Le décryptage éco. Deliveroo entre à la bourse de Londres, sur fond de contestation sociale de ses livreurs
La plateforme de livraison de repas entre à la bourse de Londres mercredi. C’est la plus importante introduction depuis dix ans. Et pourtant, l'entreprise a dû revoir ses ambitions à la baisse. Pourquoi ? Le décryptage éco de Fanny Guinochet.
Pour son entrée en bourse mercredi 31 mars à Londres, Deliveroo est valorisée presque 9 milliards d’euros. C’est beaucoup d’argent mais c’est un peu moins que ce que la société espérait au départ. La plateforme de livraison de repas a dû revoir à la baisse ses prétentions car il y a de nombreuses interrogations autour de son modèle économique. Créée en 2013, au Royaume-Uni, Deliveroo reste une jeune entreprise dont Amazon détient 16 % du capital. Elle se dit rentable mais sa viabilité inquiète les investisseurs.
Un des grands gagnants de la crise
Avec les confinements, que ce soit pour livrer des repas à la maison ou au bureau, ses ventes ont explosé. Aujourd’hui, Deliveroo dit travailler dans plus de 800 villes, avec plus de 115 000 restaurants référencés dont 15 000 en France.
Dans le monde, le groupe emploie 2 000 salariés pour gérer la plateforme, le marketing, etc. Mais il travaille surtout avec plus de 100 000 livreurs dont 11 000 en France. On les reconnaît facilement : ils sillonnent les rues en vélo avec leurs gros sacs à dos verts. Payés à la course, ces auto-entrepreneurs n’ont pas de protection sociale correcte.
Et même si la plateforme a promis de leur verser des primes lors de cette entrée sur le marché de Londres, cette précarité est aujourd’hui une véritable épine dans le pied de Deliveroo.
Les grèves des livreurs pénalisent l’introduction en bourse
Ces derniers temps, pour obtenir de meilleures conditions de travail, les livreurs ont multiplié les grèves. En Australie, au Royaume-Uni, mais aussi en France. Et cette contestation sociale a fini par inquiéter les investisseurs potentiels qui considèrent qu’avec une telle réputation, Deliveroo n’est peut être pas un si bon placement. S’y ajoute la crainte de voir le statut des livreurs évoluer.
Actuellement, plusieurs pays mais aussi tribunaux se penchent sur les modalités d’emploi de ces travailleurs de plateformes. Pas seulement de Deliveroo, mais aussi d’Uber et des requalifications en CDI sont possibles. Imaginez si Deliveroo devait demain salarier ses 100 000 livreurs, cela lui coûterait cher. C’est ce risque financier que les investisseurs n’ont pas forcément envie de prendre.
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