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Le décryptage éco. Boycott du coton du Xinjiang : H&M, Nike, Uniqlo et les autres dans le viseur de Pékin

En Chine, les marques de textile font l’objet de critiques et de campagnes de dénigrement , après leurs boycotts du coton du Xinjiang sur fond d'allégations de "travail forcé" de musulmans ouïghours. Le décryptage de Fanny Guinochet. 

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une boutique H&M à Pekin (Chine). Photo d'illustration. (NICOLAS ASFOURI / AFP)

Nike, Adidas et Uniqlo sont dans la tourente en Chine. Leur tort est de revoir leurs achats de coton, issu de la province du Xinjiang. Selon des ONG, au moins un million de Ouïghours ont été internés dans des "camps" et certains soumis à du "travail forcé", notamment dans des champs de coton de la région. Et ces entreprises du textile se sont engagées à ne plus s'approvisionner en coton du Xinjiang.

Les représailles de Pékin, qui nie en bloc ces accusations, sont brutales : les produits H&M, par exemple, ont été gommés des principaux sites de ventes en ligne du pays. Ils ont notamment disparu d’Alibaba, l’équivalent chinois d’Amazon. Impossible aussi, de télécharger l’application mobile sur les smartphones. Quant aux 500 boutiques H&M en Chine, elles restent ouvertes, mais elles ne sont plus référencées sur les moteurs de recherche locaux.

H&M n’est pas la seule enseigne subir les foudres de Pekin. Zara, Marks & Spencer, Gap, New Balance sont dans le viseur. Jeudi 25 mars, la polémique a encore enflé, après que plusieurs stars chinoises, ambassadeurs de marques comme Nike, Adidas, ou encore Uniqlo ont annoncé vouloir couper les liens avec ces sponsors.

La Chine, fournisseur difficile à contourner

Presque tous les géants de l’habillement sont concernés parce que la Chine est le premier producteur de coton de la planète, elle en fabrique six millions de tonnes par an. La plupart des groupes occidentaux s’approvisionnent donc là-bas. Selon un rapport publié l’an dernier par 180 ONG et associations, le coton d'un vêtement sur cinq vendu dans le monde viendrait de ces camps de travail et de réeducation chinois. Ces enseignes se trouvent aujourd’hui tiraillées entre leurs intérêts là-bas, et leur image ici, en Occident ou au Japon, où la clientèle est attachée au respect des droits humains, à la responsabilité sociale et citoyenne des entreprises. 

Pour ces enseignes, l'avenir en Chine est incertain. C'est par exemple le quatrième marché d’H&M. D’où les tentatives du groupe de calmer le jeu. Dans un communiqué, il assure qu’il n’endosse aucune position politique. Pour toutes ces marques de vêtements ou de chaussures, difficile de se passer de la Chine, ce marché en pleine expansion, où l’activité économique a bien repris alors que de nombreux pays d’Europe sont encore englués dans les reconfinements et la crise.

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