Le décryptage éco. Assurance chômage : comment le Covid-19 modifie la réforme
Elisabeth Borne, la ministre du Travail, reçoit lundi syndicats et patronat pour parler de l’assurance chômage. La réforme va-t-elle pouvoir s’appliquer ? Le décryptage de Fanny Guinochet.
Normalement, la réforme de l'assurance chômage doit entrer en vigueur le 1er avril prochain. Mais avec la crise, une partie des mesures a déjà été plusieurs fois repoussée. Et, vu le contexte, ça reste très difficile pour le gouvernement de durcir les règles pour les chômeurs mais aussi pour les entreprises. À l’heure du "Quoi qu’il en coûte", faire plus d’un milliard d’économies par an sur l’assurance chômage, comme c’était prévu, est tout aussi compliqué.
C’est d’ailleurs l’argument des syndicats, tous très remontés contre ce texte. Aussi, une des pistes du gouvernement est d’indexer sa réforme sur des indicateurs économiques, de lier l’application de certaines de ces nouvelles règles au contexte, par exemple, au nombre de créations d’emplois, d’offres disponibles, au taux de chômage. Pour le gouvernement, cette solution permettrait de ne pas renoncer totalement à ses principes. Et pour les chômeurs, comme pour les entreprises, ça redonnerait un peu de marges, de temps. Ce serait le cas sur le bonus-malus sur les contrats courts par exemple. Le gouvernement tient à ce système qui vise à limiter la précarité.
Reporter le bonus-malus à 2023
En 2019, sept embauches sur dix étaient des CDD de moins d'un mois, dont un tiers ne dépassaient pas une journée. Mais, avec la crise, alors que de nombreux restaurants, hôtels, sont fermés, ou vont sortir très fragilisés par la crise, comment appliquer une pénalité parce qu’ils embaucheraient trop de salariés précaires ? Ça risque de freiner la reprise. Une des solutions de l’exécutif est de reporter ce bonus-malus à 2023, soit deux ans de plus que prévu mais aussi de revoir la liste des secteurs concernés pour exonérer ceux qui sont les plus en difficulté. Ce qui fait dire aux syndicats qu’au final, ce bonus-malus va se réduire comme peau de chagrin.
Le gouvernement étudie des aménagements pour les jeunes, comme les exonérer de cette nouvelle règle, qui demande d’avoir six mois de travail minimum (contre quatre avant) pour prétendre à une allocation chômage.Pour les hauts salaires, le temps d’indemnisation avant d’appliquer une dégressivité, c’est-à-dire une baisse de l’allocation, pourrait être allongé et passer de six mois à huit mois. Le gouvernement cherche à trouver un compromis sans abandonner totalement sa réforme. Mais malgré ces aménagements, ce n’est pas gagné.
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