Le décryptage éco. Accord de Paris : face à Trump, la France dégaine ses "greens bonds"
La réaction d'Emmanuel Macron a été immédiate après l'annonce de Donald Trump de quitter l'accord de Paris sur le climat : "Il n'y a pas de plan B, la France va continuer le combat." Un combat de la transition énergétique et de son financement.
Donald Trump a donc décidé de faire sortir les Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat. Réaction immédiate d’Emmanuel Macron : "Il n’y a pas de plan B. Pas question de renégocier l’accord et la France va poursuivre le combat", assure le président de la République. Ce combat est celui de la transition énergétique et de son financement.
La stratégie de reconquête de l'environnement, c'est la philosophie de l'action qui échappe totalement à Trump. C’est aussi la stratégie de financement. Emmanuel Macron a d’ailleurs annoncé jeudi 1er juin qu’il rencontrerait très rapidement les acteurs économiques pour envisager la suite à donner au retrait américain de l’accord de Paris. Heureusement, la France n’a pas attendu la décision américaine. Nous avons pris les devants avec notamment les "Obligations vertes" (en anglais "les greens bonds").
Il s’agit de produits financiers destinés à soutenir les grands projets écolo-compatibles, les projets d’avenir liés à l’éolien, l’hydrolien, le solaire, la biodiversité, l’entretien des voies navigables, la recherche sur le climat, etc. Le vrai coup d’envoi de ces produits dans l’hexagone remonte à janvier 2017.
Des obligations vertes presque synonymes d'emprunt
Les obligations vertes peuvent être comparées à un emprunt financier émis sur le marché. C’est de la dette émise par l’Etat sous forme d’obligations (à ne pas confondre avec les actions qui se traitent à la bourse). L'Etat émet des obligations qui sont achetées par des investisseurs (banques, assureurs, investisseurs institutionnels), que l’Etat rembourse ensuite à un taux intéressant sur 15 à 25 ans.
Traditionnellement, la dette contractée par la France sur les marchés sert à faire fonctionner l'administration, la grande machinerie étatique. Dans le cas des greens bonds, l’argent va directement dans les projets écolos. Jusqu’à présent, c’était les entreprises qui y recouraient essentiellement (Engie, EDF, SNCF Réseau) pour attirer de nouveaux investisseurs, développer leurs projets et valoriser leur politique environnementale. Sur ce point, il faut rester vigilant car, parfois, la tentation est forte, pour les entreprises, de faire du "greenwashing" (verdir leurs résultats). Le marché des obligations vertes appelle une vraie régulation.
La France joue les premiers rôles
Ces emprunts sont très prisés par les investisseurs internationaux. Au niveau mondial, les chiffres montrent que 92 milliards de dollars (environ 82 milliards d'euros) ont été levés en 2016, et le marché est en forte croissance. 100 à 150 milliards sont attendus cette année.
La France y joue le premier rôle. Elle a levé sept milliards d'euros en janvier 2017. Des obligations souveraines à rembourser sur 22 ans. Les investisseurs étaient demandeurs de beaucoup plus de titres (on est monté jusqu'à 23 milliards d'euros de demande), mais c'eut été trop cher à rembourser. Paris s'est donc limité à la mise initialement prévue de sept milliards.
La Pologne s'y est déjà mise, un peu avant nous, il faut le reconnaître. La vraie morale de l’histoire, c’est qu'il est possible aujourd’hui de financer des dépenses vertes dans des conditions économiquement et budgétairement acceptables, crédibles et exemplaires, sans surcoût par rapport à des emprunts traditionnels, tout en mobilisant autour des préoccupations environnementales.
Un regret toutefois : les particuliers n’ont pas encore un accès facile et direct à ces produits. Cela serait pourtant intéressant pour orienter notre épargne. Les Français disposent aujourd’hui d’un bas de laine de 4 500 milliards d'euros. Une épargne qui mériterait certainement d'être mieux utilisée.
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