L'étrange disparition du milliardaire chinois Jack Ma
Qu’est devenu Jack Ma, le milliardaire chinois, le patron d’Alibaba ? Il a disparu depuis fin octobre. Le décryptage de Fanny Guinochet.
Depuis deux mois, il s’est comme volatilisé. Jack Ma, c’est le fondateur du géant Alibaba, le site de vente en lignes, l’Amazon chinois, soit une véritable réussite qui a propulsé cet entrepreneur de 56 ans parmi les plus riches du monde. Jack Ma, c’est le patron visionnaire, le symbole du succès technologique de l’empire du Milieu.
Sa disparition est un mystère qui suscite de nombreuses interrogations et rumeurs. Car elle fait suite aux critiques que Jack Ma a formulées sur le système financier chinois. C’était le 24 octobre, lors d’un forum économique à Shanghaï, Jack Ma accusait les banques d’Etat et les autorités d’avoir une "mentalité de prêteur sur gage", d’exiger trop de garanties, et donc de brider l’innovation. Un système d’un autre âge qui méritait, selon lui, d’être réformé. Autant dire un véritable affront pour le Parti communiste chinois mais aussi pour la Banque centrale chinoise.
Jack Ma est devenu la cible du régime communiste. C’est en tout cas une des hypothèses que les milieux d’affaires avancent aujourd’hui. Surtout qu’il y a 15 jours, le 24 décembre dernier, Pekin annonçait l’ouverture d’une enquête contre Alibaba : les autorités accusent la firme d’abuser de son monopole au détriment de PME. Alibaba a aussi dû payer de nombreuses sanctions financières. Mais, ce n’est rien par rapport au camouflet infligé à Jack Ma en novembre, quand à la dernière minute, Pekin a annulé l’entrée en Bourse d’Ant Group, la banque en ligne d’Alibaba, dont Jack Ma était le premier actionnaire. Cette introduction en Bourse était annoncée comme la plus importante de l’histoire… et Ant Group a dû faire marche arrière illico. Il faut dire que ni les autorités chinoises, ni le secteur bancaire ne voyaient d’un très bon oeil l’arrivée d’une telle pieuvre technologique dans le secteur financier.
La descente aux enfers pour Alibaba
L’action a perdu 25% depuis fin octobre. C’est peu dire que le groupe traverse une mauvaise passe. Sans compter qu’Alibaba est aussi accusée de participer, via la mise en place d’un logiciel de reconnaissance faciale, à la répression des Ouïghours, cette minorité musulmane persécutée en Chine. De quoi écorner l’image de ce géant du commerce en ligne. Sans que l’on sache si Jack Ma s’est fait la malle version Carlos Ghosn ou si sa disparition est plus politique.
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