Hausse des droits de douane : la guerre commerciale monte d'un cran avec la Chine qui s'attaque au porc européen

Ça chauffe entre la Chine et l’Union européenne. Moins d’une semaine, après que Bruxelles a annoncé de nouveaux droits de douane sur les véhicules électriques que la Chine vend à l’Europe, Pékin ouvre une enquête anti-dumping sur les importations de porc venant de l’Union européenne.
Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Viande de porc dans une boucherie à Pékin, le 17 juin 2024. (PEDRO PARDO / AFP)

C’est la réponse du berger à la bergère. La décision chinoise d'ouvrir une enquête anti-dumping sur les importations de porc venant de l’UE n’est ni plus ni moins qu'une réplique, une sanction directe des Chinois à l'annonce de Bruxelles, le 12 juin, concernant de nouvelles taxes sur les véhicules électriques importés der Chine.

Après neuf mois d’enquête, Bruxelles estime que la Chine ne respecte pas les règles de la concurrence et qu’elle subventionne largement son industrie automobile. Les nouveaux frais de douane pourraient aller jusqu'à 38% pour les véhicules électriques produits en Chine à partir du 5 juillet 2024, alors qu'ils étaient jusqu'ici taxés à hauteur de 10% dans l'UE. Bruxelles prévoit d'ajouter à ces 10% des droits compensateurs, supplémentaires, qui varient en fonction des fabricants. Selon qu’ils ont coopéré ou non à l’enquête, selon aussi les aides estimées qu’ils reçoivent du gouvernement chinois, ces suppléments seront variables. Ce sera 17,4% de taxes en plus pour le constructeur chinois BYD, 20% pour Geely et jusqu’à 38% pour d’autres.

La France veut sortir l'Europe de la naïveté

Évidemment, Pékin est vent debout et prévient que la Chine se réserve le droit de porter plainte auprès de l’OMC, l’Organisation mondiale du commerce. Dès le lancement de l’enquête sur les voitures, en septembre dernier, Xi Jining dénonçait un comportement protectionniste des Européens et annonçait à son tour, dès janvier, lancer une enquête anti-dumping sur les spiritueux, en visant notamment le cognac français. Maintenant c’est sur une enquête sur la viande de porc, ce qui risque de pénaliser les éleveurs allemands, espagnol, mais surtout français.

À vrai dire, c’est surtout la France qui est ciblée, parce que Paris pousse pour que l’Europe soit moins naïve, mette des barrières commerciales face aux Chinois. Les Allemands, eux, exportent de nombreux produits en Asie, notamment des machines, et freinent cette attitude. Ils craignent des représailles et c’est un vrai point d’achoppement entre la France et l’Allemagne.

La crainte, c’est que les Allemands soient rejoints par d’autres États membres importants, comme l’Espagne ou l’Italie, auquel cas, la Commission pourrait céder. Le bras de fer est d’autant plus tendu que les Américains ont eux aussi relevé les taxes sur les véhicules chinois, accusant même Pékin de tricher. Sans compter que dans ce contexte de guerre commerciale entre la Chine et l’Occident, c’est la première fois que les exportations chinoises de voitures électriques chutent.

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