Concurrence déloyale : Bruxelles annonce des taxes sur l'importation de véhicules électriques chinois
L’Union européenne hausse le ton face à la concurrence déloyale de la Chine dans le secteur des véhicules électriques. Après plusieurs mois d’une enquête minutieuse, la Commission européenne annonce, mercredi 12 juin, vouloir fortement augmenter les droits de douane des constructeurs chinois à l’entrée du marché intérieur. On est loin des 100% de taxe imposés par les Américains mais cette décision, si elle se confirme, peut tout de même déclencher une guerre commerciale.
Ce qu’ont découvert les limiers de la Commission en Chine, c’est une chaîne de production de voitures électriques totalement subventionnée - par le pouvoir central chinois mais aussi les régions et les provinces. De l’extraction du lithium, qui sert à faire les batteries électriques, jusqu’aux chaînes d’assemblages : toute la filière profite d’aides financières directes, de taxes moins élevées, d’un accès aux prêts bancaires facilité. Bruxelles veut donc imposer, aux Chinois, des barrières douanières qui iront de 27,5% à 48%. Encore loin des 100% imposés récemment par les Américains et des 70% réclamés par l'Inde. Mais l’Union européenne rappelle qu’elle agit dans le cadre des règles de l’OMC que Pékin s’est engagé à respecter.
Des mesures provisoires qui entreront en vigueur le 5 juillet
Ces montants sont fixés selon un barème très précis qui tient en compte à la fois du montant des aides publiques estimées pour chaque entreprise ainsi que de son niveau de collaboration. Mais si les constructeurs de l’UE ont joué le jeu de la transparence, ce n’est pas le cas des Chinois, indique un expert haut placé de la Commission. BYD, première marque chinoise de véhicule électrique sera la moins taxée : autour de 30% contre près de 50 pour le groupe SAIC, propriétaire de MG.
L'impact est difficile à établir à ce stade car ce sont des mesures qui sont annoncées mais provisoires et qui entreront en vigueur le 5 juillet. D’ici là, les Chinois peuvent contester l’augmentation prévue. Ensuite, les Etats membres auront également jusqu’à début novembre cette fois pour s’y opposer aussi mais il faut une majorité qualifiée. L’Allemagne devrait batailler contre cette mesure. Les constructeurs allemands qui vendent plus d’un tiers de leurs voitures en Chine ont peur des représailles. De là à trouver une majorité de blocage c’est tout de même difficile. Mais la Chine ne cache pas qu’elle pourrait aussi en retour taxer le Cognac, le lait ou le vin européen.
La bataille n’est pas totalement terminée mais c’est tout de même une décision forte de la Commission européenne, dans un contexte ou la priorité affichée des Européens c’est de protéger leurs industries stratégiques. La voiture électrique en est une et la mésaventure de l’industrie des panneaux solaires européenne laminée par la Chine est dans tous les esprits.
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