Bruxelles muscle son jeu dans ses relations commerciales avec Pékin
Bientôt, on ne parlera plus de relations commerciales entre l’Union européenne et la Chine, mais plutôt de bataille rangée. Bruxelles a ouvert mercredi 24 avril une enquête sur les marchés publics chinois de dispositifs médicaux, soupçonnant des pratiques "discriminatoires" contre les entreprises européennes, sur fond de tensions commerciales croissantes avec Pékin. C’est la cinquième enquête ouverte par l'UE depuis le mois de septembre 2023. Il a été question des subventions publiques accordées par Pékin aux constructeurs de voitures électriques. Puis de subventions, mais cette fois pour aider une filiale du géant Chinois des trains électriques à s’implanter en Bulgarie. Puis il y a eu les aides de financement aux entreprises chinoises de photovoltaïque. À chaque fois, il y a un gros coup de pouce du gouvernement chinois pour casser les prix et tuer la concurrence. Pour Bruxelles, les dés sont pipés, les pratiques commerciales de la Chine sont "discriminatoires".
Et la Commission européenne s’attaque cette fois à un autre secteur, celui des matériels de soins médicaux. C'est certainement l’un des marchés publics chinois les plus hermétiques aux entreprises étrangères. C'est un des secteurs prioritaires de la politique du "Made in China", lancée dès 2015 par le gouvernement chinois. Une politique pour laquelle Pékin n’a jamais caché ses ambitions : garantir aux fabricants chinois une très large part de marché. Dans le cas des soins médicaux, l’objectif est fixé à 85% d’ici l’an prochain. Le problème est que, dans le même temps, depuis 2015, ces mêmes fabricants chinois ont doublé leurs exportations vers l’Europe. Ils sont donc protégés sur leur territoire et les portes de l’UE leur sont grandes ouvertes.
Emmanuel Macron appelle à "une révision" de la politique commerciale européenne
Il y a eu un soupçon de naïveté côté européen, c’est évident, même la Commission a dû le reconnaître. Mais Bruxelles affirme que cette époque est révolue et ce que l’on observe aujourd’hui à travers toutes ces enquêtes, c’est la mise en action des outils dont s’est dotée l’UE pour lutter contre la concurrence déloyale. Ce jeudi, le président français, Emmanuel Macron, appelle à une "révision" de la politique commerciale européenne, lors de son discours sur l'Europe, à la Sorbonne, à Paris. Quelque part, le chantier est déjà lancé, comme en témoigne le ton ferme et serein employé mercredi 24 avril par Olof Gill le porte-parole de la Commission. "Ce que nous espérons, c’est que le marché public chinois nous sera tout aussi ouvert que le nôtre l’est pour eux. C’est simple, rien de plus, rien de moins", a-t-il déclaré. "Et dans un premier temps, nous engagerons un dialogue constructif avec la Chine pour tenter de trouver des solutions. C’est notre objectif aujourd’hui", conclut le porte-parole de la Commission.
Le président chinois arrivera en Europe début mai, avec trois visites officielles de prévues : Serbie Hongrie et France. Les deux premiers sont enchaînés à Pékin, car adhérents de la première heure au projet expansionniste chinois des "Nouvelles routes de la soie". C’est donc à Emmanuel Macron que reviendra la lourde tâche d’expliquer à Xi Jinping qu’il ne respecte pas les règles du jeu, lors de son passage à Paris.
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