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Guerre en Ukraine : pourquoi TotalEnergies ne prévoit pas pas de quitter la Russie pour le moment

Avec la guerre en Ukraine, le groupe pétrolier est sous pression pour ses activités en Russie. Le décryptage de Fanny Guinochet.

Article rédigé par franceinfo - Fabnny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le siège social Total à Courbevoie (Haut-de-Seine). (OLIVIER BOITET / MAXPPP)

Mardi 1er mars au micro de franceinfo, Bruno Le Maire le ministre de l’Économie, évoquait : "Un problème de principe à travailler avec des proches du pouvoir russe."  En Russie, TotalEnergies est actionnaire à presque 20% du géant du gaz russe Novateck, société présidée par un milliardaire proche du Kremlin. Et le groupe détient aussi plusieurs participations dans plusieurs projets en Russie. 

Après l’intervention de Bruno Le Maire, Patrick Pouyanné, le patron de TotalEnergies a condamné publiquement l’agression militaire de Vladimir Poutine en Ukraine mais il s’est bien gardé d’annoncer un départ de Russie. Il s’en est tenu à dire que le groupe n’investirait plus dans de nouveaux projets dans le pays. Si Bruno Le Maire et Patrick Pouyanné se sont vus mardi après-midi, l’entretien n’a pas convaincu le PDG de quitter la Russie. Pour le moment, TotalEnergies cherche à ménager la chèvre et le chou.

Et pour cause : il y a trop d’intérêts en jeu. La Russie est vitale aujourd’hui pour le groupe français. C’est sa plus grosse filiale, devant la Norvège, le Nigeria ou encore l’Angola. À elle seule, elle concentre un quart des réserves de TotalEnergies en hydrocarbures. Le groupe a investi des milliards d’euros ces dernières années, dans des projets gigantesques, comme le projet gazier Yamal, dans le grand Nord russe qui tourne à plein régime depuis cinq ans.

TotalEnergies est aussi actionnaire d’Artic un autre projet dont la première livraison de gaz naturel liquifié, GNL, est prévu l’an prochain. Si la firme part maintenant, ce serait de l’argent fichu en l’air, sans retour sur investissement. Et puis, ce n’est pas du tout la culture de la compagnie de partir rapidement, suite à des tensions géopolitiques, ou par crainte de voir sa réputation abimée : le géant est encore au Yemen, en Irak. En Birmanie, le groupe a mis 20 ans à quitter le pays.

Les groupes Shell, BP ou ExxonMobil se sont  désengagés de Russie  

ExxonMobil, BP et Shell, groupes anglo-saxons, ont annoncé leur départ mais c’est un peu différent. BP et Shell, par exemple, étaient déjà sur le point de sortir de Russie depuis quatre ou  cinq ans. Les investissements réalisés étaient amortis. En tout cas, ces annonces de départ ont fait chuter le cours de l’action. TotalEnergies qui reste une société 100% privée est donc attentive aussi à préserver les intérêts de ses actionnaires. Il faut voir comment la situation va évoluer mais selon les experts, Total ne partira de Russie que s’il y a des sanctions économiques très fortes, des risques juridiques. C’est à dire contraint et forcé…

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