Finances publiques : Contraint de faire des économies, le gouvernement commence à serrer la vis
Lors de ses vœux aux "forces économiques", le 8 janvier, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, avait annoncé la couleur, "Le moment est venu de prendre les décisions les plus difficiles, de parachever la transformation du modèle économique et social français", martelait-il. L'inquiétude monte dans la majorité, car, voté en décembre, le budget 2024 est déjà obsolète. L’État vient de sortir le carnet de chèques face à la colère des agriculteurs avec 400 millions d’euros au total et l'équation budgétaire s'annonce extrêmement difficile pour l'exécutif qui promet au moins 12 milliards d'euros d'économies en 2025, voire plus.
Cette révision est nécessaire, car la croissance économique s’annonce moins forte que prévu dans les mois à venir. Tous les instituts de conjoncture le disent, la Banque de France en tête. Même le gouvernement, qui tablait initialement sur une croissance d’1,4%, est en train de revoir sa copie. Le chiffre de 0.9% circule désormais dans les couloirs du ministère de l’Économie.
Pour référence, un point de PIB, la richesse nationale produite, équivaut à 25 milliards d’euros. Le montant des économies à réaliser sur le budget 2025 correspond bien à la moitié, les 12 milliards avancés par le ministère, et la conjoncture n’a pas dit son dernier mot. Rappelons que moins de croissance équivaut à moins de rentrées de cotisations sociales ce qui représente un vrai problème pour la France qui est l’État européen le plus redistributif.
Des sources d’économies possibles
Une revue des dépenses publiques est en cours pour identifier les économies réalisables. Le gouvernement promet des propositions pour le mois de mars. La suspension du dispositif de leasing social n'est pas étrangère à ces nécessaires réajustements budgétaires. Le gouvernement pourrait s’attaquer également au maquis des aides aux entreprises ou encore à celui encore plus touffu des dispositifs médicaux.
On voit mal comment Matignon peut éviter un projet de loi de finances rectificatives pour 2024 dès le mois de mars, avec deux risques, tout d'abord, se confronter aux oppositions parlementaires qui parleront de "rigueur" et "d’austérité", et à un probable nécessaire premier recours à l’article 49.3 par le Premier ministre, Gabriel Attal, pour faire passer le texte.
Mais cela n’est rien face à l’échéance du 26 avril à savoir, la notation de la dette de la France par l’agence Moody’s. Le couperet tombera, comme à chaque fois, un vendredi soir après la clôture des marchés financiers, pour éviter les soubresauts boursiers et laisser à l’exécutif un nouveau week-end de réflexion.
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