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Crise énergétique : travailler davantage la nuit pour bénéficier des heures creuses, la solution pour les entreprises ?

Le travail de nuit va-t-il progresser ? Certaines entreprises augmentent les cadences la nuit pour limiter leur facture d'énergie. Le décryptage de Fanny Guinochet.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'entreprise Setforge produit plus la nuit pour payer ses factures d'électricité en heures creuses, à Hagondange (Moselle). (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)

Pour faire baisser leur facture d'électricité et bénéficier des tarifs en heures creuses, certaines entreprises privilégient le travail de nuit. C’est le cas d'usines très consommatrices d’énergie comme Toshiba, à Dieppe (Seine-Maritime), qui fabrique des cartouches d’encres et tourne habituellement en "3X8". À partir de janvier, et jusqu’à la fin du mois de mars, cette société de plus de 200 personnes ne produira plus que la nuit. Exit, donc, les équipes de jour. La production va se faire entre 20 heures et huit heures du matin quand l’électricité est moins chère : en heures pleines d’hiver, Toshiba paie autour de 700 euros le mégawatt/heure contre 200 euros en heures creuses, la nuit.

Solution "extrême"

Le patron du site a ainsi expliqué au journal La Tribune qu’à cause de ces coûts faramineux, il y avait un risque de délocalisation de l’usine vers les États-Unis ou encore l’Asie, là où l’énergie est moins chère. En Lorraine, aussi, deux sites qui font de l’acier se sont déjà réorganisés depuis la rentrée pour produire plus la nuit et le week-end : Setforge, et Ascométal. Du coté de Troyes, on trouve aussi Accuride, qui construit des roues, etc. Pour l’instant, ce sont surtout des industriels qui ont opté pour cette solution. Mais ça nécessite de changer les contrats de travail. Bien sûr, il faut l’accord des salariés : les ordonnances Macron de 2018 facilitent ce type d’adaptation, mais ce n’est possible que s’il y a en contreparties pour les salariés, avec des primes et des augmentations du tarif horaire. Dans la plupart des entreprises, les employés acceptent, de peur de perdre leur emploi, mais aussi à cause de l’inflation. Un petit supplément de salaire pour mieux terminer le mois se refuse rarement en ce moment. Pour les employeurs, ça reste plus rentable que de payer l’envolée des tarifs de l’énergie.

Reste que les syndicats et le patronat ne sont pas fans de cette solution : tous les salariés ne peuvent pas travailler la nuit, le week-end pour des raisons de santé, de garde d’enfants, etcAussi, parce que les lignes de production, sites et bureaux, ne peuvent pas accueillir tout le monde. Cela nécessite toute une réorganisation, compliquée à mettre en œuvre. Pour le Medef et la CPME, c’est une  donc solution  "extrême", forcément temporaire. Reste que cet hiver, s’il y a des délestages, les entreprises pourraient être nombreuses à l’adopter.

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