"The Crown" et "7" : nos conseils pour se cultiver pendant le confinement
Une série acclamée sur un personnage historique qui fascine et qui vient de fêter ses 94 ans ? C'est "The Crown", et l’histoire passionnante de la Reine Elizabeth II. Et "7", pour autant de récits qui composent le roman éponyme de Tristan Garcia.
Pour passer le temps pendant le confinement, franceinfo vous propose des conseils culture. Chaque jour, nous vous conseillerons de la lecture, de la musique, des expos, des séries ou des films.
Une série : The Crown, sur Netflix
Le 5 avril dernier, elle s’est adressée à son peuple, au cœur de la crise : pour ceux qui suivent la série The Crown (sur Netflix, en France) depuis trois saisons, c’était comme si la réalité empoignait la fiction. Et pourtant, c’est évidemment la réalité qui commande. Lorsque le scénariste Peter Morgan propose de retracer dans une série, une grande partie des 68 ans du règne d’Elizabeth II, il est loin de se douter que le succès sera si fulgurant.
Elizabeth Windsor, de sa naissance en 1926 à nos temps confinés, construit son destin au fil des crises qu’elle a affrontées, elle qui n’était pas destinée à la couronne. La série est tout sauf une hagiographie. On y entrevoit la rigueur morale d’une famille dédiée à la royauté, toutes les failles humaines qui l’habitent, les tromperies, les vexations, les brimades et le manque d’amour ressenti par l’héritier, Charles, ou le mari, éternel second, le Prince Phillip.
Série historique, The Crown, est l’une des plus chères de l’histoire, forte de ses reconstitutions fidèles dans des palais magnifiques. Série romancée, la Reine évolue sous les traits de Claire Foy puis Olivia Colman, sans qu’on soit certains de la véracité de toutes ses réactions. Mais peu importe, The Crown est une plongée passionnante dans le destin d’une femme qui a vécu l’Histoire, et uni un peuple, pour le meilleur et pour le pire. Et dans la série, le pire, justement, est peut-être encore à venir avec l’introduction dans la saison 4 dont le tournage est dérangé par la crise actuelle, de deux personnages très attendus : Margaret Thatcher, et Lady Diana. La Couronne britannique pourrait ne pas aimer ce qu’elle va voir à la télévision.
7, de Tristan Garcia (2015)
Sept, comme les sept jours de la semaine, les sept pêchés capitaux, les sept couleurs de l'arc-en-ciel et autres variations sur ce chiffre sujet de croyances et mythologies. Sept récits, a priori sans lien les uns avec les autres, a priori seulement. Le lecteur, qui perd dans son confinement la notion du temps, peut lire les six premiers dans le désordre, mais gardera le dernier pour la fin, le plus long. Le plus déroutant aussi.
Tristan Garcia est un jeune écrivain, professeur de philosophie, désireux d'apporter par la littérature sa contribution débridée à la compréhension du monde contemporain. Il assume ses goûts éclectiques pour les grands textes, les jeux vidéos, la science fiction, la politique et s'amuse à nous perdre dans un imaginaire sans limites.
Dans 7, le fantastique prend la tangente d'un réel désenchanté, le notre, et il est d'abord question d'une drogue, élixir de jouvence permettant de revenir en enfance. Attention au dosage ! Puis apparaissent de mystérieux rouleaux de bois, très anciens, contenant la musique mère de toutes les musiques de l'humanité. Une mannequin, au visage le plus beau du monde, esclave de sa beauté, prête ce don à un homme défiguré. Les récits s'enchaînent, les correspondances émergent, surgissent des extra-terrestres, des sociétés humaines confinées dans des bulles, belle intuition de l'auteur qui s'interroge sur nos croyances, politiques, religieuses.
Du profane au philosophique, c'est notre monde éclaté, en quête de sens qui est évoqué. Enfin, apothéose de ce roman inclassable, la septième et dernière histoire : le narrateur atteint l'immortalité, renaît après chaque mort, se souvient de ses vies, sans parvenir à infléchir le cours tragique de l'Histoire. Tristan Garcia casse les codes de la narration, égare le lecteur dans un labyrinthe sans jamais se perdre lui. La construction de son roman apparaît telle une épiphanie, une apothéose finale, récompense ultime. Quand le réel est insondable, que la boussole de nos existences s'affole, la littérature est encore une possibilité, telle une mythologie contemporaine.
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