La production de vin évolue, notamment en Chine, en Angleterre et en Inde
Parmi les gros pays producteurs et consommateurs de vin, il y a la Chine. Les Chinois produisent du vin depuis les anciennes dynasties, mais c’est dans les années 80 que le secteur viticole a commencé à se professionnaliser, faisant de la Chine un acteur mondial incontournable de la viticulture.
Pendant ce temps, le Royaume-Uni, en particulier l’Angleterre, espère devenir un nouveau géant mondial du vin et voit le secteur croître de façon exponentielle.
Les Indiens, eux, ne sont pas traditionnellement des amateurs de vin, mais c'est progressivement en train de changer, en tout cas dans l’élite. Le pays a même commencé à produire.
La Chine deuxième vignoble derrière l'Espagne
On a souvent présenté la Chine comme un eldorado de la viticulture. Les chiffres sont en effet impressionnants : avec 800 000 hectares de vignes, c’est le deuxième vignoble de la planète, juste derrière l’Espagne et devant la France. À l’image de la province autonome du Ningxia, dans le nord de la Chine, véritable industrie viticole qui a été créée par le régime communiste avec les technologies les plus modernes.
Mais aujourd'hui le secteur est en berne. Les Chinois consomment de moins en moins de vin et la Chine n’est plus le plus grand marché mondial du vin que l’on évoquait en 2010. Les trois années de politique "zéro Covid" ont fait des dégâts, mais le mal semble plus profond. Boire du vin en Chine n’est pas forcément un comportement naturel, les jeunes Chinois préfèrent des boissons plus populaires et moins chères comme la bière.
Changement de génération et de comportement
La consommation de vin qui avait atteint ses sommets en 2017 a depuis chuté d'environ 15% chaque année. Même le simple fait d’offrir une bonne bouteille de vin à une relation d’affaires est un geste qui tend à disparaître, dans un pays où la corruption est réprimée par le régime et où ce genre de cadeau peut paraître potentiellement suspect !
Dans ce contexte difficile, la production de vin chinoise a baissé de manière spectaculaire. Entre 2015 et 2020, elle est passée de 13 millions d’hectolitres de vin à 6,2 millions, moins de la moitié. Ce déclin ne fait pour l'instant pas fuir les grands groupes français. Pernod Ricard ou encore LVMH restent présents en Chine.
L'Angleterre offre un climat de plus en plus idéal pour le vin
Pendant ce temps, les vignobles britanniques ont produit 12 millions de bouteilles en 2022, une production qui a plus que doublé en 5 ans. Elle devrait dépasser la barre des 20 millions cette année, après une récolte exceptionnelle en 2023.
Cette production florissante concerne principalement le vin pétillant, du blanc et du rosé. Obtenu par le mélange de cépages Chardonnay, Pinot noir, Pinot meunier, entre autres. L’Angleterre concentre l’immense majorité des 900 vignobles du royaume, qui exportent de plus en plus, en particulier à Hong Kong, Singapour et aux États-Unis.
Le dérèglement climatique pourrait offrir de nouvelles opportunités aux viticulteurs anglais. La région au sud-est de l’Angleterre possède un sol calcaire, idéal pour les vins pétillants, et une météo plutôt douce. Il gèle assez rarement et l’été, même s’il peut faire très chaud, cela n'a rien à voir avec les canicules du sud du continent. En plus, avec le dérèglement climatique, les printemps commencent plus tôt, les automnes se terminent plus tard, bref les conditions deviennent parfaites pour un mûrissement très progressif du raisin, qui donnera du vin à la saveur plus nuancée.
Des maisons françaises investissent dans des vignobles anglais
Les producteurs "traditionnels" de vin, au sud du continent, commencent donc à s’intéresser au Hampshire, au Sussex, au Kent pour venir y délocaliser leurs productions. Même les grandes maisons françaises de champagne s’y mettent !
Deux grands noms champenois se sont offerts des vignobles anglais : Taittinger, près de Canterbury, et Pommery, dans le Hampshire. Ce ne sera néanmoins pas pour produire du champagne, car c'est une appellation d’origine contrôlée. Mais les premières cuvées sont déjà dans les rayons des cavistes britanniques et, selon les œnologues dans les pages "lifestyle" des journaux, le goût aurait de quoi rivaliser avec notre champagne.
L'Inde nouvellement séduit par le vin
Les Indiens se mettent depuis quelque temps à la mode du vin et même à en produire. Le pionnier de ces producteurs indiens s’appelle Sula. Cela fait plus de 20 ans que cette compagnie s’est lancée, avec des vignobles plantés sur les plateaux de Nashik, près de Bombay, c'est la région qui compte l’un des climats les plus appropriés pour cette culture. Ces terres sont très ensoleillées pour offrir au raisin une forte concentration de sucre et de tanins, mais elle est située à 500 mètres de hauteur, ce qui lui assure des nuits assez fraîches et maintient son acidité. D’autres compagnies ont embrayé dans la même région, comme Fratelli ou Grover, cette dernière ayant même fait venir à ses débuts un expert français pour développer son vin.
Progressivement, le produit commence à plaire aux Indiens. La qualité est assez inégale, le vin est encore jeune, mais les Indiens, qui ne jurent généralement que par le whisky, boivent de plus en plus de vin. Surtout l’élite riche et urbaine, qui voyage ou a vécu à l’étranger. Pour eux, c’est un signe de reconnaissance sociale, car une bouteille coûte au minimum 7 euros, ce qui est cher pour la majorité des Indiens.
Des importations et un marché prometteur
Les revenus des classes aisées augmentent rapidement et ils achètent aussi beaucoup de vins importés, beaucoup plus onéreux à cause des taxes. Ces vins viennent surtout d’Australie, mais aussi de France, de Californie ou du Chili. Ce marché est prometteur, et connaît une croissance annuelle à deux chiffres. Des Français ont investi sur place : Moët Hennessy produit depuis 2015 un vin mousseux en Inde, sous l’appellation Chandon, qui est la marque de la société à l’international.
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