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Hausse des violences faites aux femmes durant le confinement en Espagne, au Brésil et au Nigéria

Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui nous partons en Espagne, au Brésil et au Nigéria où durant les périodes de confinement les violences envers les femmes ont augmenté. 

Article rédigé par franceinfo, Marie-Hélène Ballestero, Anne Vigna - Lisa Fabbian
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Une marche pour dénoncer les violences envers les femmes et les enfants à Madrid ( 8 mards 2020). (JULIA GALAN / HANS LUCAS)

En France, les signalements de violences conjugales ont augmenté de 60% pendant le deuxième confinement. Ce n'est malheureusement pas le seul pays où de telles statistiques sont observées. En Espagne, au Brésil et au Nigéria, les autorités ont vu également une hausse importante des violences envers les femmes durant les phases de confinement. 

En Espagne, des mesures spécifiques pour venir en aide aux victimes 

L’Espagne a lancé un plan d’urgence dès le début du confinement au mois de mars. Outre le renforcement des dispositifs existants, diverses mesures exceptionnelles ont été mises en place, comme le système de messagerie instantanée connu sous le nom de “bouton SOS”. Il permet aux victimes et au personnel soignant d’envoyer un message d’alerte par messagerie instantanée avec géolocalisation aux forces de l’ordre et aux organes de sécurité de l’État. Une autre initiative a été lancée tout d’abord aux Îles Canaries avant de s’étendre sur le reste du territoire. Il s’agit du système d’alerte “Masque-19”. Son fonctionnement est simple: en se rendant à la pharmacie, les femmes victimes doivent demander à acheter un “Masque-19”, un code qui permet au pharmacien d’activer le protocole d’action en prévenant les autorités. Un service de tchat en ligne avec assistance psychologique a également été lancé, ainsi qu’une campagne de prévention nationale.

Pendant le confinement général dans tout le pays, du 14 mars au 15 mai, les services d’urgence ont enregistré 61,5% d’appels en plus de femmes victimes de violences conjugales. Un chiffre qui a chuté progressivement avec la mise en place de la 1ère phase de déconfinement, à partir du mois de mai. Concernant les homicides liés à la violence conjugale, on a constaté une baisse: 45 femmes ont été tuées en 2020 par leur compagnon ou ex-conjoint. Elles étaient 55 en 2019. Parmi ces 45 victimes, 38 n’avaient pas déposé plainte.

Au Brésil les violences envers les femmes ont aussi augmentées  

L’hypothèse des spécialistes est que le stress, lié notamment aux difficultés économiques puisqu’au Brésil, l’aide a été minimale, le temps passé entre victime et agresseur dans un même domicile, ont provoqué cette augmentation. 22% d’augmentation, c’est vraiment beaucoup et c’est aussi lié au fait que les femmes, coincées au domicile, n’ont pas pu chercher de l’aide. Le nombre de plaintes aux commissariats spécialisées pour les femmes, qui sont une des conquêtes importantes des féministes au Brésil, ont chuté durant ces mêmes mois de confinement.

Les ONG ont vite compris que le modèle des commissariats ne fonctionnait pas et ont donc proposé des solutions digitales. Aujourd’hui, au moins 5 fonctionnent très bien: ce sont des applications, créées par des starts-ups et des messageries whatsapp avec des avocats et psychologues qui orientent les victimes. Elles ont tellement été sollicitées que le gouvernement a dû s’y mettre et créer la possibilité de porter plainte sur whatsapp ou Telegram. Un bémol cependant à ces outils : il faut avoir internet et 1 personne sur 4 ne l’a pas au Brésil. Dans ce pays plus de la moitié de la population vit à la campagne.

Une vague d'indignation au Nigéria 

Au Nigeria, les violences sexuelles ont augmenté fortement durant le confinement du mois d’Avril. 700 plaintes pour viol ont été rapportées dans le pays entre janvier et mai 2020. Malgré une certaine libération de la parole au sortir du confinement national (en juin) le nombre de plaintes, et surtout de condamnations pour viol, reste extrêmement faible au Nigéria. Seules 32 condamnations pour viols ont été prononcées entre 2019 et 2020 au Nigéria, un pays de 206 millions d’habitants.

En juin dernier, le viol de la jeune Uwa Omozuwa avait secoué le pays. Cette jeune étudiante avait été agressée au sein même de son église dans l’État d’Edo. Elle était décédée à l’hôpital, quelques jours plus tard. Ce drame a permis d’entendre publiquement certains témoignages de survivantes, mais ceux-ci restent très rares.

Les voix des victimes sont bien souvent étouffées dans une société extrêmement patriarcale et très religieuse. En Juin 2019, une photographe nigériane qui accusait un célèbre pasteur de viol, avait finalement été condamnée à payer 2500 dollars pour diffamation envers son agresseur présumé.

Au mois de Juin 2020, les gouverneurs nigérians ont tout de même décrété un "état d’urgence" sur le viol. La réponse des autorités reste très inadéquates pour protéger les femmes et leur permettre de porter plainte. Dans l’État de Kaduna, dans le nord musulman du Nigéria, une loi adoptée en septembre dernier prévoit la stérilisation chirurgicale pour les auteurs de viol, quel que soit l’âge de la victime. Une mesure aussi radicale que controversée, très inadaptée selon de nombreux défenseurs des droits de l’homme, qui prônent des mesures préventives. Pour qu’une telle sanction soit appliquée, il faudrait déjà que les victimes soient encouragées à porter plainte.

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