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Guerre en Ukraine : le soutien dont bénéficie Kiev peut-il s'effriter en Italie, aux Etats-Unis et en Géorgie

Dans le club des correspondants, franceinfo s'intéresse à l'actualité vue depuis l'étranger. Aujourd'hui, direction l'Italie, les Etats-Unis et la Géorgie ou tous les élus ne sont pas sur la même longueur d'onde quant à leur soutien à l'Ukraine. 

Article rédigé par franceinfo, Bruce de Galzain - Loïc Loury, Régis Genté
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Des militaires ukrainiens dans leur blindé à l'entrée de la ville d'Irpin, le 5 mars 2022. (ADRIEN VAUTIER / LE PICTORIUM / MAXPPP)

L'armée ukrainienne est entrée samedi 1er octobre dans Lyman, ville stratégique de l'est de l'Ukraine, dans la région de Donetsk dont l'annexion la veille par Moscou a été fermement condamnée par Kiev et les Occidentaux. Les troupes ukrainiennes semblent progresser également dans le sud du pays. Le soutien des occidentaux à Kiev est pour l'heure sans faille depuis le début de la guerre, mais jusqu'à quand ? Tour d'horizon.

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En Italie, des nuances dans les déclarations 

En Italie, un nouveau gouvernement va entrer en fonction dans quelques semaines. Ce gouvernement est atlantiste mais au sein de la coalition de droite et d'extrême-droite qui a remporté les élections législatives dimanche 25 septembre, tous n'ont pas la même position sur la guerre en Ukraine. Les dernières déclarations officielles de Matteo Salvini et Silvio Berlusconi ne sont pas aussi nettes que celles de Giorgia Meloni. Matteo Salvini a par exemple condamné toute agression, annexion et menace nucléaire mais sans nommer la Russie ! Il affirme que le prochain gouvernement devra travailler avec encore plus de détermination pour la paix et le désarmement alors que l'Europe et l'Italie arment l'Ukraine. Silvio Berlusconi lui a même fait passer Vladimir Poutine pour une victime qui aurait été poussée à faire la guerre.    

Si deux des trois membres de la nouvelle coalition au pouvoir émettent des doutes, la position italienne peut donc changer ? Silvio Berlusconi vient de se rattraper en affirmant qu'il fallait suivre la ligne Draghi très ferme sur les sanctions par exemple (alors que Salvini lui les remet en cause). Quant à Giorgia Meloni elle a toujours été très claire depuis le début du conflit et n'a jamais changé de position : elle continuera à armer l'Ukraine pour qu'elle se défende. Elle a déjà échangé avec Volodymyr Zelensky, à qui elle a de nouveau promis un loyal soutien ; elle a condamné l'annexion des régions par les russes. Et puis Giorgia Meloni ne veut et ne peut pas se couper de la ligne européenne sur ce point, sa crédibilité et celle de l'Italie sont en jeu. Mais il y a donc deux bémols, ses alliés qui devraient rentrer dans le rang, c’est en tout cas ce qu’espère Giorgia Meloni, et puis l'opinion publique italienne qui est en grande majorité opposée à l'envoi d'armes en Ukraine tout en condamnant l'agression russe.

Aux Etats-Unis, les prochaines élections peuvent entrainer une inflexion 

Joe Biden profite d’une rare entente entre démocrates et républicains pour envoyer toujours plus d’aide, militaire et économique, à Kiev. Depuis le début de la guerre, le Congrès a ainsi approuvé le déblocage de 65 milliards de dollars pour soutenir l’effort militaire ukrainien. Les Etats-Unis sont de très loin les premiers soutiens de l’Ukraine. Une nouvelle enveloppe de plus de 12 milliards de dollars vient d’ailleurs d’être votée au Congrès. Et une fois n’est pas coutume, c’est assez facilement, par 72 voix contre 25, que le texte est passé au Sénat. Habituellement les débats sont beaucoup plus acharnés, entre démocrates et républicains - puisque les deux camps y disposent de 50 sièges. Les élus des deux partis, depuis le début de la guerre, se retrouvent dans leur opposition à Vladimir Poutine. Avec donc, ce résultat et ses 65 milliards de dollars d’aides débloquées en 6 mois, sans que cela ne provoque de débat trop larvé au Capitole. Mais cela pourrait changer.

Avec les élections de mi-mandat, dans un peu plus d’un moi les démocrates pourraient perdre la Chambre, le Sénat, voire les deux. Les républicains les plus radicaux, les émules de Donald Trump, pourraient aussi prendre plus de place au Capitole. Or, pour cette frange du parti très isolationniste, à l’inverse de conservateurs plus traditionnels, l’Ukraine n’est pas le problème des Américains. Autre facteur, enfin qui pourrait accentuer le débat autour de l’aide envoyée à l’Ukraine : c’est l’opinion publique qui semble montrer des signes de lassitude.   D’après un sondage récent, une majorité d’Américains souhaiteraient ainsi que des solutions diplomatiques, et pas seulement militaires, soient explorées pour finir la guerre au plus vite.    

En Géorgie, l’action du gouvernement divise les élus  

La Géorgie est traditionnellement alliée de Kiev dans sa lutte contre l’ancienne puissance coloniale qu’est la Russie, mais le débat sur la guerre en Ukraine fait rage. Au fond les discussions portent sur le caractère prorusse ou pas de l’action du gouvernement géorgien. Une partie de la population et de l’opposition politique estime que le parti du pouvoir, le Rêve géorgien de l’oligarque Bidzina Ivanichvili, travaille à ramener le pays dans le giron russe, alors que les 3,7 millions de Géorgiens sont à plus des trois-quart pro-occidentaux.

Le gouvernement lui plaide pour la prudence, face à une Russie agressive. D’où son refus d’associer le pays aux sanctions décrétées contre Moscou.   Une polémique est née, une semaine après le début de la guerre, suite aux obstacles créés par le gouvernement pour empêcher le départ de quelques dizaines de volontaires géorgiens vers le front en Ukraine. Une autre controverse a aussi éclaté ces derniers jours avec l’afflux massif de Russes qui fuient la mobilisation militaire. La question portait autour de la restauration ou pas des visas pour les citoyens russes. L’opposition estime que cet afflux de peut-être 70.000 Russes, dont une partie repart certes ailleurs après quelques jours, représente un danger sécuritaire. Elle craint l’entrée dans le pays d’agents du Kremlin et d’une façon générale que cette masse qui ne s’est pas soulevée contre l’invasion de l’Ukraine et n’a bougé que du jour où elle a été concernée par la mobilisation, et bien ne soit pas foncièrement anti-Poutine et s’est invitée dans une Géorgie qui, rappelons-le, a perdu 20% de son territoire au début des années 1990, du fait du séparatisme de deux provinces soutenues par Moscou.

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