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Election américaine : ce que la victoire de Jo Biden peut changer au Brésil, en Palestine et en Irlande

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières. Aujourd'hui, direction le Brésil, la Palestine et l'Irlande pour voir comment l'élection de Joe Biden à la présidentielle américaine a été vécue.  

Article rédigé par franceinfo - Anne Vigna, Alice Froussard, Emeline Vin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Joe Biden, le 7 novembre 2020. (WANG YING / XINHUA MAXPPP)

Jo Biden a revendiqué sa victoire à l'élection présidentielle américaine, samedi 7 novembre. Depuis, ses déclarations sont scrutées pour savoir s'il va y avoir une inflexion de la politique étrangère des États-Unis, après quatre ans de présidence de Donald Trump. Nouveau président, nouveau style, mais quelle politique ? Direction le Brésil, la Palestine et l'Irlande, pour comprendre comment, dans ces trois pays, on envisage les conséquences de l'élection de Joe Biden.

Au Brésil, des menaces plutôt que des félicitations

Le président brésilien est un des rares leaders dans le monde à n’avoir toujours pas félicité Joe Biden pour sa victoire : Jair Bolsonaro veut rester fidèle jusqu’au bout à son meilleur allié international, Donald Trump, qui l’avait souvent défendu sur l’Amazonie face aux critiques européennes. Il doit maintenant faire face à un président élu qui a un tout autre discours sur l’environnement. Jair Bolsonaro a décidé de menacer Joe Biden plutôt que de le féliciter pour sa victoire."Nous venons de voir un grand candidat à la présidence dire que si je n’éteins pas les feux en Amazonie, il va mettre en place des barrières commerciales contre le Brésil. Et comment on va faire face à cela ? La diplomatie seule ne marche pas. Quand on n’aura plus de salive, il faut qu’on ait de la poudre, sinon ça ne marche pas" a ainsi déclaré Jair Bolsonaro.

Les menaces sont à peines voilées. C’est aussi la première fois aussi que les États-Unis évoquent des sanctions économiques contre le Brésil. Joe Biden s’est aussi engagé à créer un fond d’aide de 20 milliards de dollars pour l’Amazonie. Une proposition immédiatement rejetée par Jair Bolsonaro qui, comme souvent, a répété que les pays étrangers voulaient "voler l’Amazonie". Un même refrain dès que les leaders étrangers critiquent la déforestation. Mais cela montre que Bolsonaro et Biden ne sont pas prêts de s’entendre.  

La Palestine entre espoir et prudence 

Donald Trump, c’était une politique très favorable à Israël : reconnaissance de Jérusalem comme seule capitale d'Israël, soutien à la colonisation en Cisjordanie occupée, parrainage de la normalisation des relations entre Israël et les pays du Golfe... Les Palestiniens avaient coupé les ponts avec Washington. Joe Biden, c’est d’abord un changement de style. Voir Trump partir, c’est déjà une victoire pour eux. Mahmoud Abbas, le président palestinien, a félicité Joe Biden et s’est dit impatient de travailler avec lui. Joe Biden a promis la reprise des relations américano-palestiniennes, la réouverture de la mission palestinienne à Washington et du consulat américain à Jérusalem-Est pour travailler avec les Palestiniens.

De son côté Kamala Harris a promis la reprise de l’aide économique et humanitaire au peuple palestinien, notamment en finançant à nouveau l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Elle avait aussi précisé avant l’élection son attachement à la solution à deux Etats et son opposition à l’expansion des colonies. Sur le papier, c’est déjà un bon début.

Les Palestiniens veulent y croire mais beaucoup ne sont pas dupes. Joe Biden devra faire ses preuves. Ici, on accueille sa victoire avec prudence. "Nous ne nous attendons pas à une transformation miraculeuse" précise Hanan Ashrawi, du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). "Il est temps d’adopter des thérapies holistiques et audacieuses" disait-elle sur Twitter, un peu comme une mise en garde.

L’Autorité palestinienne ne se fait pas d’illusions non plus sur le désir ou la capacité du parti démocrate à mettre un terme à la politique de colonisation israélienne actuelle ou de réduire l'assistance financière militaire à Israël. Cela risque d’être en quelque sorte le retour aux années Obama : la cause palestinienne ne sera pas mise au placard, comme elle l’était avec Donald Trump, mais rien n’indique encore que Joe Biden inversera réellement la tendance.  

L'Irlande espère une nouvelle donne 

A la fin de la période de transition post-Brexit, Londres souhaite un accord commercial avec Washington, mais au mépris de l’accord de paix qui régule la frontière entre les deux Irlandes. Contrairement à Donald Trump, Joe Biden s’est fermement engagé pour protéger cet accord. Il devrait être largement soutenu par les démocrates. Liam Kennedy, directeur du Clinton Institute de Dublin : "Il y a de nombreux politiciens irlandais-américains, c'est un véritable réseau diplomatique à Washington, assez puissant. Ça agace beaucoup les Britanniques, parce que les démocrates, au premier rang desquels Nancy Pelosi [la présidente démocrate de la Chambre des représentants], l’ont clairement fait savoir." Dans une conversation téléphonique mardi 10 novembre, Joe Biden a rappelé à Micheál Martin, Premier ministre irlandais, son attachement à la paix en Irlande.

C’est un soutien de poids. Alors que Donald Trump a toujours été pour le Brexit, Joe Biden défend les liens avec l’Europe. Les diplomates européens espèrent renouveler la pression sur Boris Johnson pour parvenir à un accord d’ici au 31 décembre. Cela dit, le ministre des Affaires étrangères irlandais, Simon Coveney, a invité les membres du gouvernement à la prudence : rien n’est fait, 2021 c’est dans 51 jours, et personne n’est encore prêt à une sortie sans accord des deux côtés de la frontière.  

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