Covid-19 : comment la course au vaccin se déroule en Chine, en Russie et au Maroc
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières. Aujourd'hui, direction la Chine, la Russie et le Maroc pour voir comment, face à la crise sanitaire actuelle, la course au vaccin anti Covid-19 s’organise.
Les laboratoires Pfizer et Moderna ont tour à tour annoncé des avancées très significatives pour mettre sur pied un vaccin efficace. Cette course au vaccin contre le Covid-19 fait l’objet de recherches dans le monde entier. Direction La Chine, La Russie et le Maroc.
La Chine veut être la première puissance à commercialiser le vaccin à grande échelle
La Chine a été le premier pays au monde à parler de son programme de vaccination qui a débuté à Wuhan, précisément là où l'épidémie est apparue. Le 12 Avril dernier, la générale Chen Wei, virologue vedette de l’armée chinoise, révélait avoir vacciné 508 volontaires à Wuhan. Le 22 Juillet, l’agence de presse officielle Chine Nouvelle a confirmé le début d’une campagne de vaccination en urgence pour des catégories de personnels exposées dans les hôpitaux, les ports, les aéroports. Depuis, le gouvernement a étendu son programme de vaccination expérimental : près de 800 000 personnes ont été vaccinées dans le Zhejiang sur la côte est de la Chine.
La Chine a 13 vaccins en cours d’expérimentation. Quatre d'entre eux sont en phase trois. La vie normale ne reprendra pas avant 2022, a publiquement annoncé le docteur Zhang Wenhong qui est sur le front de la lutte anti-covid à Shanghai. Il estime que "si la situation n’est pas sous contrôle dans le monde entier, la Chine ne pourra pas rouvrir sa frontière. Heureusement, le vaccin sera sur le marché à la fin de l’année ou au début de l’année prochaine. La vaccination va se développer massivement partout. Et s’il n y a pas de mauvaises surprises, nous pourrons voyager à nouveau partout dans le monde au printemps 2022. Mais si les pays ne s’unissent pas, je ne suis pas sûr que nous pourrons voyager normalement en 2022." C’est maintenant au tour des étudiants chinois qui veulent partir étudier à l’étranger de se faire vacciner, toujours avec ce vaccin expérimental.
La Russie pas au stade de la vaccination massive
La Russie a annoncé la semaine dernière que son vaccin Spoutnik V [au stade 3 des essais cliniques] était efficace à 92%. Et pourtant, malgré ce résultat particulièrement encourageant, pas question de vaccination massive pour l’instant. À l’heure actuelle en Russie, alors que l’épidémie n’a officiellement jamais été aussi virulente, avec 442 morts au cours des dernières 24 heures, des hôpitaux et des morgues débordés dans certaines régions, seuls certains médecins et personnels de santé ont été vaccinés avec Spoutnik V. En dehors évidemment des 16 000 volontaires qui testent actuellement l’antidote au Covid-19. Les scientifiques russes reconnaissent eux-mêmes que les très bons résultats préliminaires de la semaine dernière concernant le vaccin russe nécessitent encore bien des confirmations. Ils ne permettent pas de démarrer une campagne de vaccination plus large. L’efficacité à 92% ne porte en effet que sur un tout petit nombre de volontaires, une vingtaine tout au plus, et l’impact de Spoutnik V sur le virus, dans la durée, demandera sûrement encore de longues semaines d’attente.
Les difficultés techniques concernant les infrastructures que risque de rencontrer la Russie pour produire son vaccin par centaines de millions représentent également un obstacle de taille. Le degré de réticence à ce vaccin reste élevé et il faudra sûrement davantage que les simples campagnes de promotion actuelles pour faire diminuer les doutes. Lundi 16 novembre, le quotidien indépendant Vedomosti évoquait une récente étude selon laquelle seules 42% des personnes interrogées étaient prêtes aujourd’hui à se faire vacciner. Si ces chiffres restent en l’état, cela risque de poser ici, à moyen terme, la question du caractère obligatoire de la vaccination.
Le Maroc parmi les premiers pays à vacciner sa population
Le royaume a fait le choix des vaccins du chinois Sinopharm et du Britannique AstraZeneca. Il s’agit de vaccins qui utilisent des souches inactives du Covid. Les opérations de vaccination doivent débuter en décembre au Maroc. L’ordre a été donné par le roi Mohammed VI et les précisions par le ministre de la Santé. Entre le vaccin de SinoPharm et celui d’AstraZeneca ce sont 27 millions de doses qui doivent être livrées sous peu. Avec 2 injections par personne, il y a de quoi traiter potentiellement 1/3 de la population dans les prochaines semaines. Pour les obtenir, le Maroc a dû nouer des partenariats stratégiques avec les laboratoires pharmaceutiques. Des volontaires ont pris part aux phases de tests. Les vaccins devront être produits localement au plus vite. Mais le ministère de la Santé précise que les discussions sont en cours avec les autres laboratoires comme Pfizer ou Moderna pour obtenir les vaccins nécessaires.
La vaccination ne sera pas obligatoire, mais l’objectif est de couvrir 80% de la population. La priorité est donnée aux personnes dites sur le front : les personnels de santé, les force de l’ordre, les enseignants, les routiers. Pour convaincre le reste de la population de se faire vacciner, le gouvernement a embauché l’agence PR Media, chargée de la campagne de communication. Il faudra convaincre parce que comme partout, ici, il y a les anti-vaccins et les méfiants. Se pose aussi la question des conditions de distribution. Les vaccins nécessitent en effet d’être maintenus à très basse température, en dessous des -70°C. C’est donc l’armée qui sera chargée de gérer les stocks. Les autorités ont d’ores et déjà annoncé un pont aérien de 10 avions venant de Chine et qui devront apporter les vaccins dans les premières semaines de décembre.
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