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Comment se porte le tourisme en Espagne et en Thaïlande ?

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction l'Espagne et la Thaïlande, deux pays dont l'économie dépend fortement du tourisme. 

Article rédigé par franceinfo - Marie-Hélène Ballestero et Carol Isoux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7min
Des touristes au port d'Ibiza aux Baléares en Espagne, le 25 août 2021. (JAIME REINA / AFP)

Le secteur du tourisme tente de se relever alors que l’épidémie de Covid-19 repart dans certains pays. L'effondrement du tourisme lié à la crise sanitaire a engendré des pertes colossales partout dans le monde. Direction l'Espagne et la Thaïlande, deux pays où le secteur est très important dans l'économie nationale. 

Une timide reprise du tourisme en Espagne

L'épidémie de Covid-19 a touché de plein fouet le secteur du tourisme qui représente en Espagne plus de 12% du PIB national, soit un poids considérable. Selon les experts, il s’agit de la pire crise qu’ait connu le secteur. Il faut savoir qu'en 2019, l'Espagne avait enregistré un nouveau record avec l’arrivée de 83,5 millions de touristes étrangers, qui ont dépensé plus de 90 milliards d'euros. Cela faisait six ans que les chiffres ne cessaient d’augmenter. En 2020, à la suite de la pandémie, l’Espagne n’a accueilli que 19 millions de touristes étrangers et les dépenses ont chuté de 78,5%. Une baisse drastique qui s’est traduite par un manque à gagner très important pour les entreprises du secteur mais également par la mise au chômage partiel de 800 000 salariés.

La crise a touché tout le pays mais ce sont les régions les plus touristiques qui ont le plus souffert : la Catalogne, l’Andalousie, la région de Valence, les Îles Canaries et, en premier lieu, les Baléares dont l’économie dépend principalement du tourisme. En 2020, l’archipel a accueilli moins de 2 millions de touristes étrangers, soit un recul de 88%, en termes d’arrivées et de dépenses. Néanmoins les autorités locales affichent leur optimisme depuis plusieurs mois. "Je pense que l’avenir sera bon mais comme nous sortons d’une situation tellement dure - les entreprises et les salariés ont tellement souffert - nous allons forcément continuer de souffrir pendant un certain temps, expliquait José Hila, le maire de Palma de Majorque, lors d’un colloque sur l’avenir du tourisme qui a eu lieu en mai 2021. Nous n’allons pas pouvoir créer suffisamment de richesse, ni d’emplois, ni de bénéfices pour compenser en quelques mois tout ce qu’on a perdu. Mais les mauvaises nouvelles sont derrière nous et les bonnes nouvelles ont déjà commencé."

"Je crois que les gens n’ont jamais eu autant envie de voyager. Tout ce qu’ils n’ont pas pu faire pendant un an, beaucoup souhaitent le faire maintenant. Je suis donc optimiste. Nous attendons l’arrivée des touristes avec les bras ouverts. Ils ont déjà commencé à revenir et je pense qu’au fil des mois, ils seront de plus en plus nombreux."

José Hila, le maire de Palma de Majorque

Ces derniers mois, le secteur touristique a bel et bien bénéficié d’un regain d’activité en Espagne, mais il faut plutôt parler d’une timide reprise. Certes, les Baléares ont accueilli au mois d’août 25% des touristes étrangers qui sont arrivés en Espagne mais les chiffres sont nettement inférieurs à ceux de 2019. En tout, depuis le début de l’année, 15 millions de touristes étrangers ont visité l’Espagne, ce qui représente seulement près de 26% des 58 millions de voyageurs accueillis sur la même période en 2019. La ministre du Tourisme, Reyes Maroto, affiche elle aussi son optimisme mais les chefs d’entreprise sont beaucoup plus critiques. Pour eux, l’avenir du tourisme étranger est encore trop incertain et même si les Espagnols ont beaucoup voyagé à travers le pays en 2020, cela ne représente qu’une bouffée d’oxygène et ne peut pas compenser la lente reprise du tourisme international, dont dépend une grande partie du secteur.

La Thaïlande va rouvrir ses portes aux touristes vaccinés

Le pays est une grande destination touristique mondiale qui recevait jusqu’à 40 millions de touristes par an avant la pandémie. Le pays s’apprête à rouvrir ses portes aux touristes vaccinés, sans quarantaine, d’ici quelques jours au 1er novembre. Une nouvelle accueillie pourtant avec un enthousiasme mitigé dans le pays. La Thaïlande est méconnaissable, surtout le sud du pays complètement sinistré. Pour des millions de Thaïlandais, c’est la pire crise économique de l’histoire récente. L’arrêt du tourisme, officiellement source de 15% du PIB - mais qui doit représenter beaucoup plus si on prend en compte l’économie informelle - a eu des conséquences désastreuses.

Mais la décision de rouvrir le pays alors que la campagne de vaccination nationale n’est pas achevée ne fait pas l’unanimité. Ensuite, il faut souligner que c’est une réouverture qui comporte toujours certaines contraintes pour les touristes. On ne peut plus se présenter à l’aéroport, acheter un billet et se retrouver sur une plage quelques heures plus tard. Les touristes vaccinés et munis d’un test PCR négatif doivent passer une nuit en quarantaine le temps d’avoir les résultats d’un autre test. Toutes les démarches doivent passer par les ambassades thaïlandaises à l’étranger. Pour les professionnels du tourisme, cette réouverture tardive et en demi-teinte ne suffira pas à sauver la saison des fêtes de fin d’année. 

Une décision en particulier provoque la colère de l’industrie touristique : le maintien jusqu’à nouvel ordre de l’interdiction de la vente d’alcool dans les lieux publics. Fini la Thaïlande, capitale des bars et des discothèques et de la fête ; autant d'éléments sur lesquels le pays avait aussi bâti son succès touristique. Tous ces établissements restent fermés pour l’instant. Les patrons du secteur crient à l’excès de prudence mais il semble qu’en plus d’une prolongation de sûreté de cette mesure sanitaire. Le gouvernement thaïlandais cherche aussi avec cette décision à évaluer s’il est possible de changer l’image de la Thaïlande à l’étranger, notamment à diminuer voire éradiquer le tourisme sexuel, que beaucoup de Thaïlandais souhaiteraient voir moins présent. Une transition vers un tourisme plus haut de gamme, plus familial et aussi plus respectueux de l’environnement, qui a largement bénéficié cette année de l’arrêt du tourisme de masse. C’est ce que recherche le gouvernement qui lance plusieurs campagnes pour valoriser d’autres aspects de la culture thaïlandaise, notamment la gastronomie et le design, avec un succès mitigé pour l’instant.

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