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Chine, États-Unis, Pologne : les gros pollueurs respectent-ils leurs engagements climatiques ?

Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction les États-Unis, la Chine et la Pologne, pour faire le point sur leurs engagements climatiques.

Article rédigé par Loïc Pialat, Dominique André - Sarah Bakaloglou
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6 min
La centrale à charbon de Datong, en Chine, en novembre 2015 (GREG BAKER / AFP)

Les pays du monde en font-ils assez en matière d'environnement ? Les dirigeants du Conseil de sécurité de l'ONU se sont réunis mardi 23 février pour débattre des implications du changement climatique sur la paix internationale, à l'initiative du Premier ministre britannique. Boris Johnson a plaidé pour des actions concrètes, en fustigeant ceux qui estiment qu'il n'y a là rien de plus que "des lubies vertes de mangeurs de tofu". Nous consacrons ce club des correspondants aux mauvais élèves de l'environnement, la Chine, les États-Unis et la Pologne.

La Chine, premier pollueur de la planète, prétend vouloir amorcer un virage responsable

Le dirigeant chinois Xi Jinping l’a annoncé lors de l’Assemblée générale de l’ONU, la grand-messe diplomatique annuelle, le 22 septembre dernier : la Chine "adoptera des mesures plus vigoureuses pour atteindre le pic des émissions de CO2 avant 2030, et s’efforcera de réaliser la neutralité carbone d'ici 2060". D’ici cette date, la Chine doit ainsi absorber autant de carbone qu’elle en émet. Dans ce contexte, le pays a lancé il y a trois semaines son marché du carbone. Pour la première fois dans le pays, des plafonds d’émissions de gaz à effet de serre sont fixés pour les centrales thermiques, qui participent à ce marché.

La Chine affiche ses ambitions écologiques, mais le chemin sera long, car elle reste le premier producteur et consommateur de charbon dans le monde. Elle investit dans des gisements à l’étranger pour s’assurer un approvisionnement et construit des centrales à charbon dans le cadre de son projet des Routes de la soie, en Asie et en Afrique notamment. Pour intégrer les nouveaux objectifs climatiques qui ont été annoncés par Xi Jinping, les experts disent que la part de charbon dans le mix énergétique doit tomber à moins de 50% d’ici 2025. En parallèle, la part de l’énergie solaire et éolienne doit doubler dans les cinq ans.

Aux États-Unis, Joe Biden veut combler le retard pris par l’administration Trump

Joe Biden, le nouveau président américain, a signé le décret confirmant le retour de son pays dans les accords de Paris dès le 20 janvier, le jour de son investiture. "On ne peut plus attendre ou se contenter du strict minimum face au réchauffement climatique", a prévenu Joe Biden il y a quelques jours.

Le 22 avril, les États-Unis vont accueillir un sommet virtuel sur l’environnement, et à cette occasion, Joe Biden devrait annoncer ses ambitions sur les réductions d’émissions de gaz carbonique d’ici 2030. On sait qu’il réfléchit à un plan de 2 000 milliards de dollars pour développer les énergies propres dans les transports ou la construction, et qu’il voudrait que le pays ait un bilan carbone neutre dès le milieu du siècle. Mais les défenseurs du climat estiment aussi que les États-Unis, le plus gros pollueur depuis la révolution industrielle, devraient aider financièrement les pays pauvres à répondre aux défis du réchauffement climatique.

Mais Joe Biden va devoir faire face à une partie de l’opinion publique. Le Wall Street Journal, quotidien conservateur, estime par exemple que c’est le marché qui va aider à réduire les émissions, et non pas les accords de Paris. Après la violente vague de froid au Texas, des élus locaux ont attaqué les énergies renouvelables comme l’éolien, pas capables, selon eux, d’assurer une continuité énergétique en période de crise. Sauf que l’éolien représente une source d’énergie minoritaire dans l’État du pétrole. Joe Biden doit donc faire face à une bonne dose de mauvaise foi. Et face aux peurs dans son propre camp démocrate, chez les "cols bleus", ceux du Michigan par exemple, qui lui ont permis de gagner l’élection. Ils s’inquiètent des conséquences sur l’emploi du secteur primaire des énergies vertes. Le coût politique de certaines mesures risque de limiter les ambitions du 46e président américain.

L’air de la Pologne, le plus pollué de l'Union européenne

La Pologne veut réduire sa dépendance au charbon, qui fournit 70% de l’électricité du pays. Le gouvernement a promis de passer en 2030 à 56% maximum de charbon dans le mix énergétique. Pour les ONG environnementales, ces objectifs sont loin d’être satisfaisants, et bien loin des engagements de l’Union européenne. La Pologne a annoncé réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’environ 30% d’ici dix ans, tandis que l’Union européenne s’est engagée à une baisse de 55% pour la même échéance.

Mais le gouvernement polonais ne veut pas se presser pour sortir du charbon dans un pays qui compte encore 80 000 mineurs. Le pays a certes annoncé la fermeture de ses mines, mais d’ici 2049 seulement, et ce malgré le manque de rentabilité de cette industrie. Dans sa stratégie dévoilée au début du mois, Varsovie dit compter dans le futur sur l’énergie nucléaire notamment, en construisant la première centrale du pays pour 2033. Sauf que la date est jugée très peu réaliste par les experts. La Pologne a aussi annoncé vouloir développer la part du gaz et des énergies renouvelables, comme l’énergie éolienne.

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