Aux Pays-Bas, en Angleterre et en Espagne, la jeunesse se mobilise pour aider les plus fragiles à faire face à la crise du Covid
Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction les Pays-Bas, l'Angleterre et l'Espagne où des initiatives solidaires portées par des jeunes ont vu le jour avec la crise sanitaire.
Gestes de soutien envers les personnels soignants, aide aux personnes isolées et aux familles les plus démunies... Face à la crise liée à la pandémie de coronavirus, les initiatives solidaires se multiplient. Le club des correspondants de franceinfo vous emmène lundi 9 novembre dans trois pays européens, où des jeunes notamment ont décidé d'agir.
Aux Pays-Bas, des étudiants se mobilisent pour venir en aide à ceux qui en ont le plus besoin
Aux Pays-Bas, la crise du Covid-19 plonge une partie de la population dans la précarité. Pour tenter d’amortir le choc, la solidarité s’organise. Il y a d’abord eu plusieurs plateformes d’appel au bénévolat. C’est le cas de Corona helpers, en français "les assistants corona". Ou encore une autre du nom de "Juste des gens qui veulent aider d’autres gens". Pour cette dernière, tout a commencé en mars 2020 avec des étudiants désoeuvrés après l’annulation de leur période d’examens. L’un d’entre eux, Naut van Teeseling, 20 ans, qui s’ennuyait chez lui, envoie un message à quelques amis. Il leur demande de venir ensemble en aide à ceux qui en ont le plus besoin. Rapidement, son appel est relayé dans tout le milieu étudiant de Delft et d’Amsterdam. En quelques jours à peine, environ 14 000 personnes répondent positivement à sa demande. Parmi les annonces présentes sur ces plateformes en ligne, on trouve notamment des appels à aller faire des courses pour des personnes fragiles, à téléphoner à des personnes âgées isolées ou encore à s’occuper des enfants du personnel soignant.
En ces temps de crise aux Pays-Bas, où les contrats précaires et les auto-entreprises sont très nombreux, l’aide aux plus démunis est plus importante que jamais. Malgré les aides du gouvernement, de plus en plus de personnes sollicitent la banque alimentaire. Débordée ou parfois même par endroits fermée en raison de la crise sanitaire, elle est secondée depuis quelques mois par plusieurs initiatives comme Het Keuken collectief, le collectif de la cuisine, à Amsterdam. Ce dernier propose des plats cuisinés pour 8,50 euros. À chaque commande, un premier plat est envoyé au client, un deuxième à une personne dans le besoin.
En Angleterre, une star du foot fait fléchir le gouvernement et obtient la distribution de repas gratuits pour les enfants pauvres
A Londres, c'est Marcus Rashford, la jeune star de Machester United, qui se mobilise depuis plusieurs mois pour tenter de convaincre le gouvernement de fournir des repas gratuit au familles défavorisées pendant les vacances de Noël. Le joueur de foot a montré non seulement ses prouesses en tant qu’attaquant mais également son grand cœur et son dévouement pour venir en aide aux familles les plus pauvres du pays. Et on dirait que sa mobilisation a payé. Samedi, après sa victoire contre Everton, il reçoit un coup de fil de Boris Johnson lui annonçant la bonne nouvelle : plus d’un million de repas gratuits seront distribués pendant les vacances de Noël ainsi que les vacances de Pâques. Le gouvernement a ainsi débloqué 188 millions d’euros pour financer ce programme.
Il faut savoir qu’au Royaume-Uni, de façon générale, les enfants les plus défavorisés reçoivent des repas gratuits en période scolaire, mais pas pendant les vacances. Sauf que la crise sanitaire a eu un impact considérable sur l’économie du pays et les aides du gouvernement ne suffisent pas à couvrir les pertes engendrées pour certains. Pourtant, le gouvernement avait refusé de financer ces repas gratuits le mois dernier pendant les vacances de la Toussaint. Même après le lancement d'une pétition signée par plus d’un million de personnes. Alors pour arriver a ses fins, la campagne de Marcus Rashford a touché une corde sensible. Âgé de 23 ans, le footballeur, qui gagne aujourd’hui plus de 200 000 euros par semaine, a lui aussi grandi dans un quartier défavorisé du Nord de Londres. Il a d’ailleurs récemment publié une lettre dans laquelle il raconte des détails de son enfance, et notamment les pleurs de sa mère qui n’avait pas assez d’argent pour le nourrir. La presse britannique s’en mêle, accuse le gouvernement d’être sans cœur et cruel. Le Daily Miror a même publié en Une la listes des députés qui avaient voté contre le financement. Aujourd’hui, le jeune footballeur se dit enchanté de ce rétropédalage du gouvernement.
En Espagne, un adolescent se retrousse les manches pour aider les balayeurs
A Logroño, un ville moyenne du nord de l'Espagne, un adolescent a mobilisé ses copains pour nettoyer les places après les manifestations contre les mesures anticovid et même les affrontements avec la police. Il s’appelle Pablo Alcaide, il a 16 ans, il a été découvert par les médias de sa région, La Rioja. Le 1er novembre dernier, c’était un dimanche, les journalistes ont vu un groupe de jeunes occupés à nettoyer une place de le ville. Ils ont tendu le micro, et Pablo a pu répondre aux questions de l’antenne régionale de TVE, la télévision publique espagnole. Ce qu’il explique en substance, c’est qu’il a vu les affrontements, il a trouvé ça "très moche". Il sait "ce que c’est que de se casser le dos à passer le balais pour apporter un plat chaud à la maison", dit-il, parce que sa mère travaille au service de propreté de la mairie. Alors Pablo raconte qu'il a contacté quelques amis. Ils se sont fait passer le mot, ça a fait le tour des réseaux sociaux. Et Pablo explique qu’il est content de ce succès parce qu’il en avait assez que les jeunes soient accusés de passivité et d’égoïsme face à la pandémie.
Des jeunes particulièrement stigmatisés ? Ce n'est sans doute pas le seul pays où ça arrive, ce n'est probablement pas non plus complètement gratuit : des fêtes clandestines par exemple sont régulièrement démantelées par la police le week-end. Mais en Espagne, disons qu’il y a un climat de suspicion et de dénonciation assez lourd, notamment à la télévision. Le mot qui revient le plus c’est "irresponsable". Au JT ou dans les débats télévisés, il y a une espèce de course au comportement irresponsable qui scandalisera le plus l’opinion. L’action de Pablo aidera peut-être à rééquilibrer un peu la balance.
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