Transport maritime : un scientifique met au point un algorithme pour optimiser les itinéraires en utilisant les courants marins

Et si pour transporter la quasi-totalité de ce que nous consommons, on ne comptait plus seulement sur la puissance des moteurs de gigantesques porte-conteneurs, mais aussi sur celle des courants océaniques ?
Article rédigé par franceinfo - Grégory Plesse
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Les porte-conteneurs transportent chaque année 85% du commerce mondial, avec 11 milliards de tonnes de marchandises, un chiffre qui devrait tripler d'ici à 2050. Photo d'illustration (GENERAL_4530 / MOMENT RF)

Grâce au lancement d’un satellite franco-américain en décembre 2022, les scientifiques disposent désormais d’une cartographie très détaillée de tous les courants marins, ainsi que de leurs petits frères, les "tourbillons océaniques", présents par milliers sur tous les océans de la planète. Une source d’énergie inépuisable dont les bateaux pourraient se servir.

L’océanographe Shane Keating compare ce procédé à un célèbre jeu vidéo : "Dans Super Mario, il y a des plateformes mouvantes, sur lesquelles on peut sauter pour avancer, explique-t-il, mais il faut avoir le bon timing, et redescendre de ces plateformes avant qu’elles repartent dans la direction opposée."

"On veut se servir des courants océaniques quand ils vous poussent dans la bonne direction, puis s’en détacher avant qu’ils ne vous emportent au mauvais endroit."

Shane Keating, océanographe

à franceinfo

Exploiter les courants marins pour réduire significativement la consommation de carburant de l’industrie du transport maritime, et plus important encore, son empreinte carbone, qui équivaut à plus d’un milliard de tonnes de CO2 par an, c’est l’idée portée par ce scientifique australien. En s’appuyant sur les données très précises collectées par satellite, il a développé un algorithme qu’il compare à un Google Maps ou à un Waze des océans.

L'algorithme calcule l'itinéraire le moins énergivore

Cet algorithme est conçu pour les transporteurs maritimes pour leur permettre d’établir un itinéraire optimal, c’est-à-dire un trajet ne prenant pas plus de temps qu’actuellement, mais qui utilise la force des tourbillons en chemin, en étant beaucoup moins énergivore. Et les premiers tests sont très prometteurs : "On a fait des tests sur différents types de cargos, des ferries de croisière, des bateaux de pêche, décrit-il, et on peut ainsi économiser entre 5% et 25% de carburant, en fonction de l’itinéraire. Et vous réduisez également vos émissions, de 15 à 25%."

Shane Keating et Ocean Intelligence, la société qu’il a créé pour commercialiser sa technologie, sont en discussion avancées avec plusieurs transporteurs, pour qui il s’agit là d’un sujet majeur. S’ils sont engagés, par le biais de l’Organisation maritime internationale, à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, les quelque 50 000 cargos qui naviguent à travers tous les océans du globe, génèrent actuellement 3% des émissions mondiales de CO2.

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