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Reportage
Ces stars de la musique ukrainiennes qui sont passées chez l'ennemi après l'invasion russe
Ces artistes ukrainiens ont choisi le camp de l'ennemi. Après l'invasion de l'Ukraine, certaines chanteuses, certains chanteurs stars de la TV ont fait le choix de s'établir à Moscou et de continuer leur activité en Russie.
C'est le cas d'une chanteuse extrêmement connue en Ukraine, Ani Lorak. Elle a longtemps été l'une des voix les plus populaires du pays, décorée par le gouvernement, représentant son pays auprès de l'ONU et pendant un temps la chanteuse la mieux payée en Ukraine.
En 2008, Ani Lorak avait représenté l'Ukraine à l'Eurovision avec cette chanson, Shady Lady. Pour l'anecdote, elle a terminé deuxième, derrière Dima Bilan, le candidat russe. Ani Lorak est célèbre en Ukraine, mais aussi en Russie, et quand les relations entre les deux pays ont commencé à se tendre sérieusement, en 2014, avec l'annexion de la Crimée, elle a continué à chanter des deux côtés de la frontière, ce qui lui a valu des critiques en Ukraine. Et puis en 2022, au moment de l'invasion de l'Ukraine, elle choisit de rester à Moscou.
Changement de nationalité
Résultat : la rupture a été totale. Elle est placée sous sanctions par le gouvernement ukrainien et elle est régulièrement conspuée dans son pays d'origine. Dans une vidéo publiée en 2023, un animateur radio très connu en Ukraine, Anatoliy Anatolitch, s'adresse à elle en utilisant son vrai prénom, Karolina. "Tu ne retourneras jamais en Ukraine, tu n'es pas la bienvenue ici, Karolina, explique-t-il. Tu ne te promèneras jamais dans ta ville natale de Tchernivtsi, car tous les habitants voudront te cracher au visage."
"Tu ne comprendras jamais ce que signifie gagner une guerre, seuls les Ukrainiens le comprendront."
Anatoliy Anatolitch, animateur radiodans une vidéo publiée en 2023
Voilà ce qu'on dit en Ukraine, pour autant Ani Lorak n'est pas toujours très bien accueillie en Russie. Elle est régulièrement la cible des ultras du régime, notamment Ekaterina Mizoulina, une activiste très connue en Russie, ultraconservatrice, gardienne des valeurs traditionnelles. Ekaterina Mizoulina ne supporte pas qu'Ani Lorak n'ait jamais clairement soutenu la Russie.
Pire, elle se souvient que la chanteuse avait publié au début de la guerre un message appelant à la paix sur ses réseaux sociaux, message rapidement effacé mais qui n'a pas échappé à l'œil de cette femme qui est la grande délatrice du régime. "Concernant Lorak, c'est simple. S'il n'y avait pas eu ces messages contre la guerre, il n'y aurait pas de question. Nous avons des milliers de musiciens talentueux. Soutenons-les, au lieu d'applaudir des traîtres, des médiocres qui ne sont aimés ni ici, ni là-bas." Critiquée des deux côtés de la frontière, ne parlant jamais de politique, et encore moins de la guerre, Ani Lorak a quand même fait le choix de Moscou en prenant la nationalité russe cette année.
Une peine de prison en cas de retour
D'autres artistes ukrainiens ont fait le choix de la Russie. Et certains, contrairement à Ani Lorak, ont clairement choisi leur camp, comme le chanteur et producteur Youri Bardash. Il a quitté précipitamment l'Ukraine au moment de l'invasion et très vite, il a enregistré une chanson appelée Position. Il y accuse Volodymir Zelensky d'avoir déclenché la guerre. Il est inculpé en Ukraine depuis et risque dix ans de prison, donc il y a peu de chances qu'il y retourne.
Tout comme une autre star de la chanson, Taïssia Povaliy, elle aussi très connue en Ukraine, elle a même été députée. On savait qu'elle était clairement pro-russe, mais elle habitait toujours à Kiev. Elle a déménagé à Moscou en février 2022, au moment de l'invasion, et risque aussi la prison si elle retourne en Ukraine, mais elle assume totalement à la télévision russe : "Peu importent les accusations et les menaces qu'ils font peser sur moi. J'ai montré dans mes mots, dans mes actes que je suis avec la Russie, que je soutiens l'opération spéciale. Parce que cette dernière, c'est le salut pour moi et pour les gens comme moi."
Taïssia Povaliy a même chanté au Kremlin, elle aussi a pris la nationalité russe comme la plupart de ces exilés ukrainiens qui ont choisi le camp de l'ennemi. Par conviction ou par intérêt pour pouvoir poursuivre leur carrière.
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