Reportage "Les jeunes qui pouvaient travailler, on n'en a plus" : en Ukraine, l'économie de certaines communes presque à l'arrêt à cause de la guerre

Dans certaines villes d’Ukraine, la vie sociale et économique est comme figée depuis le début de la guerre. Les jeunes hommes sont au front, certains sont morts. Illustration dans une commune de 20 000 habitants, à une cinquantaine de kilomètres de Kiev.
Article rédigé par Boris Loumagne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Certains retraités ukrainiens ont accepté de reprendre le travail à Hlevakha, près de Kiev, face au manque de main-d'œuvre. (BORIS LOUMAGNE / FRANCE INFO / RADIOFRANCE)

En Ukraine, la guerre frappe de plein fouet l’économie du pays. D’après les estimations du FMI (Fonds monétaire international), le PIB est en recul d’environ 20 points par rapport aux années de paix. Il faut dire qu’une grande partie des hommes en âge de travailler ont été mobilisés sur le front, d’autres sont blessés, et quelques dizaines de milliers sont morts. À Hlevakha, près de la moitié des hommes en âge de travailler ont été mobilisés dans l’armée.

Dans cette ville située près de Kiev, 36 portraits sont accrochés pour rendre hommage aux soldats de la commune morts pour l’Ukraine ces derniers mois. Victoria, première adjointe à la mairie, parle de certains d’entre eux : "Génia était une personne de grand talent. Beaucoup de ses tableaux sont exposés dans notre centre des arts. C’est une grande perte pour notre communauté."

À Hlevakha, 36 portraits de soldats rendent hommage aux morts de la guerre. (BORIS LOUMAGNE / RADIO FRANCE)

Elle désigne ensuite Vitaly, "que je connaissais personnellement, père de trois enfants. Quand on avait des événements dans la commune, il nous aidait toujours, il organisait des ateliers pour les enfants". Il y a aussi un portrait d'Igor, "connu comme un bon charpentier, un bâtisseur qui travaillait pour les gens, pour la ville, et pour le bien commun, décrit Victoria. Aucun n’était militaire de métier. Ils avaient tous une profession dans la vie civile."

"Chacun apportait sa contribution au développement non seulement de notre commune, mais aussi de l’Ukraine."

Victoria, maire de Hlevakha

à franceinfo

Dans cette ville de 20 000 habitants, la vie tourne au ralenti depuis le début de la guerre. Près de la moitié des hommes en âge de travailler ont été mobilisés dans l’armée. "Le secteur communal souffre beaucoup en ce moment. La distribution de l’eau, la gestion des eaux usées, le chauffage public, l’entretien des espaces verts, des bâtiments publics. Dans ces domaines-là, on a un vrai problème."

Des retraités qui travaillent "jour et nuit"

L’école est également confrontée à ce problème à cause d’une pénurie de professeurs. Le secteur économique rencontre les mêmes difficultés, notamment pour les PME de la commune. David, qui dirige une entreprise de semis de céréales, emploie normalement 30 ouvriers au début de l’automne pour trier, nettoyer et emballer le blé ou le maïs. Mais actuellement, "on n'a que 6 personnes qui ont entre 65 et 70 ans, déplore David. Les jeunes qui pouvaient travailler dans notre entreprise et assurer la sécurité alimentaire de notre pays, on n’en a plus. Heureusement, il y a ces retraités qui travaillent jour et nuit pour parvenir à envoyer notre production partout en Ukraine."

Après avoir vu sa production chuter de 40% lors de la première année de la guerre, David parvient désormais à limiter les dégâts économiques grâce notamment au travail des retraités.

Le reportage de Boris Loumagne à Hlevakha, en Ukraine

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