Reportage "C’est aussi l’un des crimes de cette guerre" : en Ukraine, l'impact environnemental des affrontements dans la région de Koursk
C’est normalement la belle saison sur les bords de la rivière Desna. La saison des baignades et de la pêche. Mais pas cette année. Volodymyr, qui habite le petit village d’Horytsya en Ukraine, est venu constater les dégâts. "La Desna, c’était une très belle rivière, dit-il. Quel malheur on nous a fait. Tout est empoisonné".
"La rivière a changé de couleur, elle est devenue toute sombre, sale et puis il y a une odeur infecte. Avant, la rivière était claire. L’eau était toujours pure, transparente". ajoute-t-il. Cet épisode de pollution a débuté mi-août, lors des combats à Koursk : cinq tonnes de matières polluantes provenant d’un site industriel ont été déversées dans la rivière Seym, en Russie. Et cette pollution s’est ensuite retrouvée dans la Desna, en Ukraine.
Le maire du village de Boromyky s’en souviendra longtemps : "Le matin, quand on est arrivés à la rivière, c’était une vision d’horreur. Le long du rivage il y avait différents poissons morts : des sandres, des brochets, des silures, des gardons, des brèmes. Sur un mètre de large et sur 700 mètres de long !"
Au total, sur quelques dizaines de kilomètres, 30 tonnes de poissons ont été ramassés. Il faudra près de trois ans pour que la Desna reconstitue son écosystème
Le coût climatique de la guerre
C'est une nouvelle illustration des conséquences de la guerre sur l’environnement selon Sergui Tsyboulya, professeur d’écologie à l’Université de Tchernihiv. "Il y a la pollution de la terre par les matériaux de construction des bâtiments détruits, des territoires minés, des incendies violents pendant les combats, la destruction des citernes de carburant. La destruction du paysage, la pollution de l’atmosphère. L’impact sur l’écologie, c’est aussi l’un des crimes de cette guerre."
D'après un rapport, le coût des dommages climatiques depuis le début de la guerre s'élève à plus de 30 milliards d’euros.
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