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"On manque de bras, c'est notre limite maximale" : avec la cinquième vague de Covid-19, l'hôpital de Colmar voit le retour des transferts de malades

L'hôpital de Colmar doit faire face à la cinquième vague de Covid-19 alors qu'il manque de personnel. Les restrictions pour les familles de patients et les transferts de malades sont de retour comme lors de la première vague, il y a près de deux ans.

Article rédigé par franceinfo - Frédéric Carbonne et Jérôme Jadot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4 min
Une soignante s'occupe d'un malade à l'hôpital Pasteur de Colmar pendant la 5e vague de Covid-19. Photo d'illustration. (HERVÉ KIELWASSER / MAXPPP)

Le calme qui règne au service des urgences de l'hôpital de Colmar est assez trompeur car cet établissement du Haut-Rhin est bien sous pression en cette fin d'année 2021 à cause de la cinquième vague de Covid-19. La pression est telle depuis trois semaines que Yannick Gottwalles, chef du pôle urgences, a dû ouvrir des lits dans le service de réanimation : "Il y a eu une augmentation de plus de 20% de la capacité dans le service et cinq nouveaux lits en soins critiques seront ouverts normalement aujourd’hui."

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La cinquième vague épidémique touche de plein fouet cet hôpital alors qu'il est compliqué de trouver le personnel pour pouvoir continuer à ouvrir des lits dans les jours ou les semaines qui viennent. "Je pense sincèrement que c'est notre limite maximale, indique Yannick Gottwalles. Autant lors de la première vague, on manquait de matériel et de places disponibles, autant lors de cette cinquième vague, on manque de bras, de combattants."

Selon le chef des urgences, les bras manquent dans tous les secteurs et tous les services "que ce soit les aides soignantes, les infirmières de bloc opératoire,celles de secteur conventionnel, les médecins, toutes les catégories professionnelles sont touchées". Pour protester contre cette situation, des soignants de l’hôpital de Colmar, et d'autres dans la région, effectueront une minute de silence en début d'après-midi vendredi. "Pendant les 30 à 40 années qui ont précédé, il y a eu une gestion qui est devenue désastreuse pour l'hôpital avec des restrictions budgétaires majeures, des fermetures constantes de lits et des restrictions en personnel, dénonce Yannick Gottwalles. On arrive à une situation où on sent que l'hôpital ne tient plus qu'à un seul fil. Ce ne sont pas les sparadraps qui ont été mis ces derniers temps qui vont suffire pour le faire remonter."

Le retour des transferts de malades

L’Alsace a été l’une des premières régions touchées par l’épidémie de Covid-19 en mars de 2020. Près de deux ans après,  la cinquième vague entraîne le retour des restrictions pour les familles qui ne peuvent pas aller en réanimation visiter leurs proches. L’hôpital doit aussi de nouveau transférer des patients dans d'autres régions pour faire de la place dans les services réanimation, indique le chef du pôle urgences. 

Dans cet hôpital de Colmar, lors de la toute première vague, Jean-Jacques Better, 70 ans, avait été envoyé du côté de Limoges à cette époque. Il est aujourd’hui en pleine forme. Ce restaurateur, patron de la fédération professionnelle Umih du Haut-Rhin, a retrouvé avec bonheur son stand au marché de Noël de Colmar en 2021. "Vous reprenez une vie normale, se réjouit-il. Les marchés de Noël, vous vous levez à 6 heures du matin, vous vous couchez à 11 heures ou minuit. Je fais exactement tout ce que je faisais avant."

Le souffle, parfois un peu court, Jean-Jacques Better peine à évoquer ce 23 mars 2020, son admission aux urgences de Colmar, sa plongée dans le coma et son réveil à l'autre bout de la France : "Je me suis réveillé 17 jours après à Limoges. Vous vous retrouvez appareillé de partout, vous ne comprenez rien. Vous sentez que les infirmières viennent pour vous laver, vous êtes surpris." Le restaurateur est aussi extrêmement fatigué la première fois qu’il se rase, il doit faire une pause au milieu. Il enchaîne quinze jours de rééducation à Guéret avant de revenir à Colmar, où il voit aujourd'hui à nouveau la réanimation se remplir.

"On voit bien que ceux qui sont en réanimation sont presque que des non vaccinés. Je serais politique je les obligerais [à se vacciner]"

Jean-Jacques Better

à franceinfo

Jean-Jacques Better a gagné dans sa mésaventure une amitié. Il échange régulièrement avec l'infirmière qui veillé sur lui à Limoges et qui est venue déjeuner dans son restaurant. Un lien patient-soignant que tout le monde ressent à l'hôpital, indique le chef du pôle urgences de l'hôpital de Colmar Yannick Gottwalles : "Les liens persistent et sont très forts. Ce sont des personnes qui ont littéralement été sauvées. On a sauvé leur vie et la majorité sont excessivement reconnaissants de l'état actuel dans lequel ils sont."


Yannick Gottwalles fait partie du collectif qui a écrit le livre Larmes & courage - nos vies derrière les masques, paru aux éditions Baobab

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