Financement de la campagne, fausses informations... Comment Elon Musk soutient Donald Trump pour l'élection présidentielle américaine
Jamais les deux hommes n'ont paru aussi proches. Elon Musk a annoncé publiquement qu'il voterait pour Donald Trump après la tentative d'assassinat contre l'ancien président. Ça n'a pas exactement été une surprise, même si, rappelons-le, Elon Musk dit avoir voté pour Joe Biden en 2020.
Depuis des mois, ses déclarations confirment qu'il penche du côté des Républicains, qu'il rejoint sur les questions économiques, une certaine idée de la liberté d'expression, mais aussi sur la haine du "wokisme". Autre signe de leur proximité, cette déclaration de Donald Trump le 5 septembre : "Je créerai un groupe de travail sur l'efficience du gouvernement pour réaliser un audit financier de toutes les activités du gouvernement fédéral. Il fera des recommandations pour des réformes drastiques. Et Elon a accepté d'en prendre la tête puisqu'il n'est pas très occupé."
Cette commission est d'ailleurs une idée d'Elon Musk. "J'ai hâte de servir l'Amérique si l'opportunité se présente. Pas besoin d'un salaire, d'un titre ou de reconnaissance", a-t-il posté sur Twitter.
Une fortune de près de 250 milliards d'euros et le rachat de Twitter
Elon Musk a donc intérêt à faire élire Donald Trump et être l'homme le plus riche du monde peut aider. Sa fortune est estimée à 248 milliards de dollars par Forbes. Le Wall Street Journal a révélé qu'il allait verser 45 millions de dollars par mois à la campagne de Donald Trump mais Elon Musk a nié cette information. Et puis, bien sûr, Elon Musk détient Twitter depuis 2022 qu'il a renommé par la suite X. La plateforme est suivie par 197 millions de personnes et Elon Musk tweete beaucoup contre Kamala Harris et ses alliés, comme Taylor Swift. La pop star a confirmé son soutien mardi soir à la candidate démocrate, en faisant allusion à une moquerie des républicains sur les femmes démocrates, qui n'auraient pas d'enfant et vivraient avec leurs chats. "Très bien Taylor, tu as gagné. Je te donnerai un enfant et je défendrai tes chats", a ironisé Elon Musk, quelques minutes plus tard.
Elon Musk a le droit évidemment de dire ce qu'il veut mais il a aussi tendance à relayer des théories du complot sur la fraude électorale par exemple. Stephen Richer, responsable de l'organisation des élections dans le comté de Maricopa en Arizona, en a un peu assez. "En temps normal, ce n'est pas un problème mais quand ces messages viennent d'un compte aux milliards de followers, certains les croient sur parole !, explique-t-il sur MSNBC. Ce sont des services, comme le mien, qui en subissent les conséquences. Et certaines de ces conséquences peuvent être violentes. Alors je dis juste aux gens comme Elon Musk, s'il vous plaît, vérifiez vos informations en amont pour qu'on n'ait pas à assister en bout de chaîne à ces attaques sur nos institutions."
On a aussi vu qu'un groupe favorable à Kamala Harris a rencontré des problèmes de connexion sur X (ex-Twitter). Un problème technique, selon la plateforme. Mais pas une raison de crier à la manipulation, estime Anupam Chander, professeur de droit à l'université de Georgetown : "Il se sert de son compte personnel pour pousser la candidature de Donald Trump. C'est clair. Mais se servir des algorithmes de Twitter pour promouvoir son candidat au détriment de son opposant, c'est un autre sujet. Et je n'ai pas vu de preuve qu'il faisait cela. C'est trop tôt pour conclure qu'il va manipuler Twitter."
Et puis au-delà de Twitter, Elon Musk peut aussi user de son poids économique soit comme patron des 140 000 employés de Tesla ou avec Space X, sans qui les États-Unis ne pourraient plus aujourd'hui avoir d'ambitions spatiales.
"Un média doit rendre des comptes"
Ce n'est pas nouveau qu'un patron de médias use de son influence politiquement. Rupert Murdoch le milliardaire omniprésent et patron de Fox News en est un autre exemple. Mais la chaîne américaine reste soumise à un certain nombre de règles auxquelles échappe Twitter.
Le réseau social est protégé aux Etats-Unis par la section 230, qui garantit la liberté d'expression sur Internet. En gros, Twitter n'est pas responsable de ce que les gens y disent. "Elon Musk a dit que Twitter était un média dont la ligne éditoriale est claire et ce n'est pas un problème en soi, explique Imran Ahmed, fondateur du centre contre la haine en ligne. Mais un média doit rendre des comptes. À partir du moment où vous avez un agenda politique et que vous le véhiculez en propageant des mensonges et de la désinformation, il doit y avoir un moyen de vous tenir responsables du mal que ces mensonges et cette désinformation peuvent causer. "
"Toute institution au pouvoir incontrôlé est dangereuse."
Imran Ahmed, fondateur du centre contre la haine en ligneà franceinfo
Elon Musk n'est pas d'accord avec cette analyse. D'ailleurs, Imran Ahmed l'accuse de l'avoir traité de "rat". Le genre d'insulte que ne renierait pas Donald Trump.
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