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"Elle a un nom qui est connu de tous" : Claude Chirac se lance en politique en Corrèze, sur les pas de ses parents

Claude Chirac sera candidate pour les élections départementales de juin prochain sur le canton de Brive 2. Reportage dans la ville corrézienne où le souvenir de Jacques Chirac est encore très présent.

Article rédigé par franceinfo - Boris Loumagne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Claude Chirac a annoncé mardi 4 mai se présenter aux élections départementales en Corrèze. (FRÉDÉRIC LHERPINIERE / MAXPPP)

Les électeurs de Corrèze vont pouvoir de nouveau glisser un bulletin Chirac dans l’urne. À 58 ans, c’est la fille de l'ancien président qui reprend le flambeau politique. Claude Chirac, qui n’avait jamais eu de mandat, se lance et a annoncé, mardi 4 mai, qu'elle brigue un poste de conseillère départementale lors des prochaines élections qui se dérouleront les 20 et 27 juin.

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C’est devant l’école que dirigeait son arrière-grand-père qu’elle a fait cette annonce. Dans un canton où sa mère était élue avant elle. Une façon pour cette Parisienne de montrer son enracinement local. Claude Chirac veut surfer sur la popularité du nom "Chirac" mais, en même temps, dépasser cette image de l’héritière qui vient prendre possession des terres familiales. "Le lien entre la famille Chirac et la Corrèze perdurera, mais ça n'a pas été ma motivation, affirme Claude Chirac. Ma motivation, c'est vraiment donner le maximum, le meilleur, avec beaucoup de coeur et beaucoup de détermination pour être utile au canton et au département."

C'est un engagement qui est plus tourné vers l'avenir et vers les autres que tourné vers le passé.

Claude Chirac

lors de l'annonce de sa candidature

Mais le passé, l’époque Chirac, est encore partout en Corrèze. Il suffit de se promener dans les rues de Brive pour le comprendre. Robert, retraité, n’a jamais voté à droite et pourtant, quand on lui parle de Jacques Chirac : "Je crois que c'était quelqu'un qui était très apprécié dans la Corrèze et qui laisse un souvenir attendri pour beaucoup de gens et très respectueux. Je dirais qu'il y avait sans doute parfois un peu de favoritisme. Est-ce qu'on peut lui en vouloir ? Il a fait classer certaines zones en 'zones de montagne' parce que cela permettait aux agriculteurs du coin d'avoir un peu plus de subventions."

Pour le retraité, "on lui pardonne à peu près tout ce qui est assez remarquable. D'ailleurs, on se souvient de cette séquence où il fait visiter son musée avec avec Hollande et où il dit : 'Je peux dire que je voterai Hollande'. Je crois que cette authenticité a beaucoup plu aux gens."

Le temps a gommé les fautes, le positif est resté. Jacques Chirac, 20 ans conseiller général en Corrèze, des ficelles tirées depuis Paris pour aider son département : construction d’une autoroute, d’un aéroport, et la fondation Chirac qui emploie 800 personnes.

Cet attachement aux Chirac, et surtout à Jacques, touche aussi les jeunes générations. Au détour d’une rue, toujours à Brive, voici une boutique toute neuve. Pierre, la quarantaine est enseignant, il regarde la vitrine. La tête de Chirac est partout sur des mugs, sur des T-shirts. Indémodable, Jacques Chirac est devenu même branché. "La première fois que j'ai vu ça, cela m'a fait penser au Che, explique Pierre. Finalement, au bout d'un moment ce que représente au niveau historique Che Guevara, qu'on soit pour ou contre, plus personne ne sait. Aujourd'hui, c'est un produit de merchandising quelque part, c'est une image et c'est plutôt sympathique."

Un héritage utile à la droite

Une cote de sympathie jamais démentie pour Jacques, mais aussi pour Bernadette, 35 ans de mandats départementaux. Une image qui reste dans les mémoires à Brive et qui fait sourire. Bernadette, sac à main serré contre elle, qui se promène dans les rues avec ses gardes du corps. Cette popularité des Chirac sera forcément utile à la droite pour les élections départementales.

Car même si Claude Chirac ne veut pas parler clairement d’héritage, qui rime peut-être un peu trop avec parachutage, d’autres le font à sa place. Pascal Coste est le président du conseil départemental de la Corrèze. C’est lui qui mènera la liste de la droite en juin. Pour lui, Claude Chirac réunit le meilleur de Jacques et de Bernadette : "Elle a gardé cette humilité de Jacques Chirac. Elle a même cette pudeur, cette timidité qui fait qu'elle commence en politique par la petite porte, comme son père. Oui, c'est un vrai héritage, donc elle a ce côté fonceur. On y va, on redonne du sens à sa vie."

Elle a ce côté un peu tortue comme sa mère, où elle prend le temps d'écouter et de comprendre les problématiques.

Pascal Coste,

à franceinfo

Pascal Coste est donc ravi de compter Claude Chirac dans ses rangs. Même si, sur le papier, il n’y a pas vraiment de suspense pour les résultats du canton qu’elle brigue. Elle devrait être élue. Le canton de Brive 2 vote historiquement à droite. En revanche, la présence de Claude Chirac donne un peu plus d’envergure à la liste de Pascal Coste, et cela permettra peut-être à la droite de confirmer les très bons résultats obtenus en 2015 face à la gauche.

Une gauche qui, elle, grince des dents avec l’arrivée de Claude Chirac. Bernard Combes est le maire socialiste de Tulle, figure de l’opposition dans le département. Il espère que le nom Chirac ne soit pas simplement un "prête-nom" : "Elle a un nom qui est connu de tous les Corréziens et toutes les Corréziennes et, bien sûr, bien au-delà. Mais est-ce que ce nom vaut la qualité pour une candidature ? Peut-être. Est-ce que ça vaut ensuite dans l'action ? Un élu, c'est d'abord ce qu'il fait et ce qu'il porte comme valeurs, mais aussi la manière dont il agit. Et pour l'instant, je n'ai pas vu Claude Chirac agir en Corrèze."

Mais on sent tout de même chez Bernard Combes de la prudence, de la mesure dans la critique… Difficile de s’attaquer frontalement à une Chirac en Corrèze.

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