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Budget faramineux et grandes ambitions, les Émirats arabes unis à la conquête de Mars

La mission Hope, menée par les Émirats arabes unis, arrive à son point critique mardi 9 février avec la mise en orbite de la sonde autour de Mars.

Article rédigé par Olivier Emond
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
La mission Hope, des Emirats arabes Unis, aura pour objectif d'étudier la météo martienne. (CAPTURE D'ÉCRAN YOUTUBE)

C’est une grande première pour un pays arabe, les Émirats arabes unis ont lancé la première mission interplanétaire arabe. La sonde Hope, qui a décollé en juillet, doit entrer en orbite autour de Mars mardi 9 février. Cet engin spatial non habité doit fournir des informations météorologiques sur la planète rouge.

Les Émirats arabes unis ont sorti les grands moyens pour rappeler l’importance historique de ce moment, qui marque aussi le 50e anniversaire de leur fondation et du coup, rien n’est laissé au hasard, à commencer par la communication via de nombreuses vidéos d’annonce du jour .

"Impossible is possible" est le slogan attribuée à cette mission par l’agence spatiale émiratie, dirigée par une femme de 34 ans. Et c’est vrai qu’en matière de conquête spatiale, beaucoup de choses semblent possible pour cet État prêt à mettre des moyens financiers imposants pour devenir une nation reconnue en la matière. "Ça fait une dizaine d'années qu'on a l'impression qu'ils sont un peu en marche forcée sur ce domaine-là, avec une accélération depuis la création de leur agence spatiale en 2014", relate Florence Sborowsky, chargée de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique.

Leur budget annuel est à peu près de 5 milliards d'euros par an.

Florence Sborowsky

à franceinfo

"Pour comparaison, le budget du Cnes en France pour 2020, c'est 2,7 milliards dont un peu plus d'un milliard pour leur contribution à l'Agence spatiale européenne", précise la chercheuse. Avec autant d’argent disponible, les Émirats n’avaient donc aucun problème pour financer cette mission Hope vers Mars qui coûte environ 200 millions d’euros mais qui n’est que la face visible d’un programme de promotion du spatial dans le pays.

Une vue de Mars inédite

"Il y a énormément de fierté et de prestige qui sont associés au programme spatial aux Émirats arabes unis, explique Florence Sborowsky. Mais ils sont aujourd'hui dans une approche très pragmatique où ils veulent à tout prix former les Émiratis dans le spatial. Donc, ils travaillent avec énormément de partenaires étrangers. Ils ont signé des accords avec toutes les grandes agences spatiales. Ils développent beaucoup de programmes étudiants aux Émirats et ils envoient aussi leur personnel se former à l'étranger." Pour preuve de ce travail collaboratif, la mission Hope a été développée en grande partie grâce au soutien de l'université américaine de Boulder, au Colorado, et envoyée dans l’espace par une fusée japonaise.

Partie pour étudier la météo martienne, la mission Hope va permettre d'avoir "un point de vue nouveau sur Mars", indique François Forget, planétologue, directeur de recherche au CNRS et membre de l’équipe scientifique de la mission. "Les instruments en eux-même ne sont pas très originaux. Par contre, ce qui permet d'avoir un point de vue nouveau sur Mars, c'est une orbite particulière. Ils vont se mettre à distance de Mars et faire des images - qui vont être magnifiques d'ailleurs - du globe de la planète Mars dans son entièreté." Du point de vue scientifique, cette orbite permet "d'avoir une vision simultanée de toute la planète Mars, explique François Forget. C'est un point de vue qu'on n'a jamais eu. Ça va nous permettre de résoudre plein d’énigmes scientifiques".

Instant crucial

Avant d’entamer ses recherches programmées sur deux ans, Hope doit réussir sa mise en orbite, une opération très compliquée car il faut fortement freiner la sonde et dépenser beaucoup d’énergie. C’est mardi 9 février, vers 17h10 qu’on saura si l’opération est réussie.

Cette sonde ouvre d'ailleurs le bal à d’autres missions attendues au cours du mois de février. La mission chinoise Tianwen 1, qui va d’abord tourner autour de Mars avant de lancer un robot mobile sur la planète au printemps, est également attendue dans les jours suivants. Ensuite, la mission américaine Mars2020 devrait tenter le 18 février de poser directement sur le sol de Mars son robot Perseverance, engin de plus d’une tonne.

Les agences spatiales ont, en fait, profité à l’été 2020 d’un créneau de lancement favorable pour aller vers Mars et c'est pourquoi plusieurs missions approchent de la planète rouge en ce début février 2021. 
 

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