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Présidentielle 2022 : alerte sur la sécurité des candidats

Eric Zemmour a été bousculé, dimanche à Villepinte, lors d'un meeting marqué par de violents incidents. De quoi reposer la question de la sécurité des candidats.

Article rédigé par franceinfo - Neïla Latrous
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un homme empoigne Eric Zemmour lors de son meeting à Villepinte, le 5 décembre 2021. (AFP)

Deux enquêtes sont ouvertes sur les violences commises lors du meeting d’Eric Zemmour, dimanche 5 décembre. L’une d’elle relance le débat sur la sécurité des candidats. L'une des énquête porte sur les coups portés contre des militants de SOS Racisme, l’autre sur l’agression dont a fait l’objet Eric Zemmour en rejoignant la scène. Un homme dans le public s’est jeté sur lui, parvenant à l’atteindre malgré la sécurité présente autour du candidat. Et notamment des policiers du SDLP, le Service de la protection rattaché à la police nationale et dont l’une des missions est de protéger, à l’année, les personnalités menacées, et les candidats pendant les campagnes présidentielles.

Le Service de la protection, c’est 1 260 policiers en tout. Tous ne font pas de la protection rapprochée, certains sont déployés devant des bâtiments. Mais la protection des personnes, c’est ce qui occupe le plus d’effectifs. Eric Zemmour était déjà protégé en tant que polémiste parce que menacé.

La règle sinon, c’est de mobiliser des policiers dès lors qu’il y a déclaration de candidature. Combien par candidat ? Ça dépend du niveau de la menace. Il y a une échelle, de 1 à 4, du risque qui pèse sur les personnes. C’est l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste, rattachée au Premier ministre, qui attribue la note. Et de là s’applique un niveau de protection, sans cesse réévalué.

C’est comme ça qu’au plus fort des menaces, en 2017, Benoît Hamon s’était retrouvé avec dix policiers détachés à sa protection. “Ces dispositifs exceptionnels n’ont pas été déployés pour l’heure”, nous indique la police nationale, qui ne tient pas non plus à communiquer dans le détail sur ses protocoles, “le niveau de sécurité étant par définition secret défense”.

Des services de sécurité "tendus"

Sans trahir de protocoles secret défense, les services de sécurité confient être "tendus" pour 2022, parce que la violence monte d’un cran à chaque élection. Souvenez-vous des “enfarinades”, puis de la gifle à Manuel Valls en 2017, le même geste plus récemment contre le président… “Les bains de foule, c’est une catastrophe pour nous”, nous dit un policier. Un officier de sécurité privée explicite : “Les marchés, les meetings, le danger vient des mains, il faut visualiser toutes les mains.” Par exemple, sur la déambulation d’Eric Zemmour à Villepinte, tous les professionnels avec nous avons échange disent : heureusement que l’assaillant n’avait rien dans les mains, pas même un stylo avec lequel il aurait pu faire beaucoup de dégâts…

La bonne nouvelle, c’est que la crise sanitaire va sans doute limiter le nombre de meetings. La mauvaise, c’est que les candidats vont vouloir aller au contact partout ailleurs. Faire des selfies, exercice anxiogène pour la sécurité. “Il faut rester à proximité, prêt à bondir à chaque instant” explique un garde du corps.

En France, c’est le candidat qui a le dernier mot sur ce qu’il veut faire ou non alors qu'aux Etats-Unis, c’est le Secret Service. "Et les services de sécurité doivent s’adapter” regrette un policier. “Et c’est un miracle qu’il n’y ait pas eu de drame jusqu’ici”, nous confiait l’un de ses collègues, un peu amer.

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