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La fin du corps préfectoral relance les questions sur le rôle politique des préfets

Depuis le 1er janvier, le gouvernement a supprimé ce qu’on appelle le corps préfectoral. Beaucoup d’observateurs dénoncent une mainmise politique du gouvernement sur les préfets. Le brief politique de Jean-Rémi Baudot
Article rédigé par Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron s'exprime devant les préfets reçus à l'Elysée, le 15 septembre 2022. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Précisons tout de suite : les préfets, ceux qui représentent l’État dans les territoires, existent toujours mais ils rejoignent progressivement le reste de la haute fonction publique. C’est l’une des conséquences de la suppression de l’ENA décidée après la crise des "Gilets Jaunes". Les préfets ont 18 mois pour rejoindre un nouveau corps appelé "administrateurs de l’État" : selon nos informations franceinfo, au 1er janvier, sur les 250 préfets en poste, 100 ont déjà choisi de basculer vers le nouveau système…

>> Ce que l'on sait du limogeage de la préfète d'Indre-et-Loire, Marie Lajus

Les oppositions craignent que les préfets deviennent des instruments politiques à la main de l’Etat. Mais il faut le rappeler : les préfets sont des agents de l’Etat. Ils font appliquer la loi. Ils ne sont pas libres politiquement. Ils sont d'ailleurs révocables n’importe quand et sont mutés en moyenne tous les deux ans.  

"Spoil system"

Ce que la réforme a apporté, c’est que, désormais, une part de leur rémunération variable est basée sur les résultats qu’ils obtiennent dans le déploiement des politiques publiques. De quoi pousser au zèle ? Peut-être, mais à part cette rétribution au mérite, leur boulot reste le même.

A la question : est-ce que l’exécutif place des préfets selon ses intérêts ? La réponse est évidemment oui. Mais rien de très neuf : sous Bonaparte déjà, les préfets étaient choisis par le pouvoir. 

Il y a trois ans, Emmanuel Macron a lancé un grand mouvement. Entre janvier et juillet 2020, le président a renouvelé près de 80 postes de préfets et de directeurs d’administrations centrales. En bon français, on appelle ça un "spoil system" : une pratique inspirée des Etats-Unis où la haute fonction publique est toujours proche du pouvoir en place. Un autre mouvement devrait intervenir dans les prochaines semaines, confie un conseiller au ministère de l’intérieur. 

La polémique du limogeage de la préfète d'Indre-et-Loire

La récente polémique sur une préfète limogée est-elle le signe d’un durcissement de cette pratique ? Le gouvernement maintient que l’ex-préfète d’Indre-et-Loire a fait des erreurs. Ce qui n’avait pas été révélé jusqu’ici, c’est qu’Elisabeth Borne connait bien cette préfète et affirme même l’apprécier. Selon nos informations, les deux femmes ont ainsi travaillé ensemble à la mairie de Paris. 

Mais en privé, la Première Ministre est désormais très dure avec son ancienne collègue. Elle explique qu’elle n’a pas bien travaillé avec les élus, que toute cette histoire est montée en épingle et qu’un préfet, justement, n’est pas politique. Et comme l’a indiqué le nouveau préfet d’Indre-et-Loire à son arrivée, le "métier de préfet est passionnant" mais il y a "des servitudes". C’est probablement assez bien résumé. 

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