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Primes aux résultats, fin des classements, grille salariale unique : le gouvernement s'attaque à la réforme de la haute fonction publique

L'Etat a de plus en plus de mal à recruter. Alors, pour offrir de meilleures perspectives à ses agents, le gouvernement va lancer une nouvelle réforme de la haute fonction publique. Le brief politique de Jean-Rémi Baudot.

Article rédigé par Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini, à l'Elysée, à Paris, le 13 juillet 2022.  (ARTHUR NICHOLAS ORCHARD / HANS LUCAS / AFP)

Le ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini, annoncera mercredi une nouvelle réforme de la haute fonction publique, a appris franceinfo auprès du ministère ce lundi. Il n’y a pas que la restauration qui peine à trouver des candidats : aujourd’hui, rien que dans la fonction publique d’Etat, 50 000 postes sont à pourvoir. Et les conséquences sont très concrètes : l’Etat manque d’ingénieurs, de spécialistes du numérique ou de l’immobilier.

"On a trop externalisé", reconnaît en privé le ministre de la fonction publique, Stanislas Guerini, qui va donc lancer une nouvelle réforme de cette haute fonction publique. Une nouvelle étape après la disparition de l'ENA en 2021, promesse "post-Gilets Jaunes" du président Macron. Si la transformation de l’ENA en Institut National du Service Public n’a pas réglé tous les problèmes, la réforme présentée mercredi en Conseil des ministres va donc profondément revoir la mobilité et la rémunération des fonctionnaires.

L’annonce la plus importante : c’est la fin des classements. C’était un pilier de l’ENA. Terminé, donc, les meilleurs élèves qui vont forcément à l’inspection des Finances. Les grands corps de l’Etat pourront désormais choisir les profils de leurs haut-fonctionnaires via un recrutement sur les compétences et plus uniquement sur le classement. Une réforme évoquée depuis 20 ans mais qui sera appliquée par décret dès jeudi 24 novembre.

30% des primes seront calculées sur les résultats

Pour mieux recruter, le salaire est évidemment un enjeu : selon nos informations, la part de rémunération variable va être plus importante pour les hauts-fonctionnaires. Jusqu’à 30% de leurs primes seront désormais calculées sur leurs résultats, tels que le déploiement de telles ou telles politiques publiques ou la mise en place des missions prioritaires de l’État. Une "rémunération au mérite" dans la fonction publique ou une manière de motiver les troupes et de récompenser ceux qui travaillent bien. C’est donc la fin d’un système qui a créé une sorte de noblesse d’état régulièrement décriée, une élite de l’entre-soi souvent jugée déconnectée. Une voix royale qu’Emmanuel Macron avait lui-même emprunté avant de la décrire comme une "rente".

Avec cette réforme, le gouvernement crée donc un seul corps avec une seule grille de salaire. Mais l’executif promet en échange de réelles perspectives. Saviez-vous qu’il n’y avait, jusqu’à peu, aucun service RH pour la haute fonction publique ? Personne pour accompagner les haut-fonctionnaires dans leur carrière. Désormais il leur sera possible de faire un temps du contrôle, puis du terrain, puis de la direction… Une mobilité qui, auparavant, était très compliquée et qui sera assurée par le DIESE (la Délégation interministérielle à l’encadrement supérieur de l’État). Un chamboule-tout discret qui ne concerne pour l’heure que 6.000 agents mais, à terme, Stanislas Guerini souhaiterait que cette réforme puisse s’appliquer à l’hôpital et dans les collectivités territoriales.

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