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EELV : des polémiques perçues comme "un brevet de crédibilité"

Le ton se durcit entre le gouvernement et Europe Ecologie-Les Verts, et pour les écologistes, ça veut dire qu’ils sont devenus crédibles.

Article rédigé par franceinfo - Neïla Latrous
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Lors de la campagne d'Europe Ecologie-Les Verts pour les municipales à Paris, le 5 février 2020. Photo d'illustration. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

Exemple avec la dernière polémique en date, autour de la mosquée de Strasbourg. Le conseil municipal, dominé par EELV a voté une subvention pour en soutenir la construction. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin y voit le signe d’une collusion entre les Verts et une frange radicale de l’islam, parce que la mosquée est soutenue par une association pro-turque qui refuse de signer la charte de l'islam de France. Sa ministre déléguée Marlène Schiappa va plus loin : pour elle, les écologistes "flirtent de plus en plus dangereusement avec les thèses de l’islamisme radical".  Une phrase qui ne passe pas du tout. Julien Bayou, secrétaire national EELV, menace de porter plainte pour diffamation. Voilà pour le résumé.

Avant cela, il y a eu la polémique des menus sans viande à Lyon, les sapins de Noël à Bordeaux, l’opportunité d’accueillir ou non la caravane du Tour de France… "J’ai mis une alerte Google sur les noms de leurs maires, s’amuse un cadre de la majorité. A chaque fois qu’ils parlent, c’est formidable !"

Analyse du maire de Grenoble, Eric Piolle : "Le système nous tombe dessus depuis qu’on est en situation d’accéder au pouvoir, depuis qu’on n’est plus perçus comme des ados turbulents ou des beatnik". "Ce qui compte, ce n'est pas l'objet, pas le fond", assure le même, qui en veut pour preuve qu'en septembre dernier, la polémique sur le Tour de France a fait plus de bruit que "la sortie de Nicolas Sarkozy sur les singes".

Moyens limités pour répliquer

"Même pas mal", en somme... ou presque. Car une partie d’Europe Ecologie est quand même gênée par des polémiques qui nourrissent le procès en radicalité ou en excentricité. Léonore Moncond'huy, élue à Poitiers en juin, préférerait que le débat se concentre sur les réalisations locales : "Chez moi on a augmenté nos capacités d’investissement. On incarne une façon différente d’exercer le pouvoir."

Mais difficile de percer le mur du son, avec des moyens limités. "On a une trop petite surface médiatique, reconnaît Sandra Regol, secrétaire nationale adjointe d'EELV. Quatre salariés au parti, 10-15 maximum en comptant les régions. On fait tout nous-mêmes, on a le temps de rien."

D’autant que les attaques ne viennent pas que du gouvernement, mais aussi d’une partie de la gauche. Et ce sont celles qui affectent le plus les écologistes. Sur Anne Hidalgo, qui a émis des doutes sur le rapport des Verts à la laïcité : "Elle nous a craché à la figure. Elle a voulu nous détruire", s'étrangle un cadre du parti. "Les socialistes essaient de recréer des murs parce qu’ils ont fait 6 à la présidentielle, 6 aux européennes, tacle un autre. Ils recréent des murs parce que la structuration qui les faisait tenir ne tient plus." Parce que le sol se dérobe sous leurs pieds, pour le dire différemment.

Chez les Verts, ils sont nombreux à penser aussi que ces assauts d’autres partis de gauche cesseront après les régionales de juin. Quand le rapport de force aura été clarifié dans les urnes. Et que reviendra sur la table la question du candidat commun à la présidentielle. Pour gagner ce pari, les écologistes doivent d’abord tuer le match, et arriver partout en tête.

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