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Compte personnel de formation : bras de fer pour faire plier le gouvernement sur le CPF payant

Faudra-t-il payer pour utiliser son compte personnel de formation ? En décembre, le gouvernement a discrètement fait voter cette mesure mais en coulisses, de nombreux acteurs tentent de le faire revenir en arrière. Le brief politique de Jean-Rémi Baudot
Article rédigé par Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une femme regarde ses droits sur son compte personnel de formation (CPF), le 26 janvier 2020. (LP/ AUR?LIE AUDUREAU / MAXPPP)

Ce mercredi 25 janvier, le petit monde de la formation professionnelle se retrouve à Cannes pour l'université d’hiver de la formation professionnelle, au Palais des festivals de la ville. Sur le tapis rouge, notamment, la ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels, Carole Grandjean. Et dans tous les esprits, une seule question : la majorité s’apprête-t-elle à casser un outil efficace qu’elle avait elle-même mis en place ?

>> Comment le Compte personnel de formation est devenu la poule aux œufs d'or des escrocs

Pour beaucoup, le CPF est en sursis. Depuis 2019, ce compte personnel de formation permet de cumuler des euros sur une sorte de cagnotte pour que chacun puisse financer ses propres formations. Un dispositif qui a connu un grand succès ces dernières années ce qui a forcé l'Etat à en renflouer les caisses. Il y a par ailleurs eu beaucoup de fraudes et pas mal d’arnaques. C'est dans ce contexte que l’exécutif a eu l’idée de rendre ces formations légèrement payantes : un reste à charge pour "responsabiliser les bénéficiaires", selon les mots du ministère. 

Problème : cette mesure n'a pas été débattue. Elle a été subtilement rajoutée par l’exécutif dans le budget, juste avant d’actionner un 49-3. Imparable. Tout le monde a été pris de court, le secteur comme la majorité. Et depuis un mois, le soufflet n’est pas retombé. 

Un coup de canif dans la promesse macroniste de la mobilité professionnelle ? 

Mais l'histoire n'est pas terminée. Il reste à publier le décret d’application où le gouvernement doit préciser le montant à payer. Alors, depuis un mois, ça pousse en coulisses. Députés de la majorité, partenaires sociaux, organismes de formation… L’ancienne ministre du travail Muriel Pénicaud est aussi montée au créneau. "Ce n'est pas le moment de faire des économies que la formation", tacle l’ancienne ministre du travail macroniste…

Tous dénoncent un reste à charge qui pourrait pénaliser les plus fragiles. Ceux qui ont le plus besoin de se former pour rester dans l’emploi : les ouvriers, les plus de 50 ans et les femmes. "Avec un SMIC, même 50 euros, c’est beaucoup", s’alarme l’un des acteurs du dossier qui a appelé directement Emmanuel Macron pour lui en parler. Le problème, c’est que ce reste à charge a été pensé pour faire des économies. Une idée validée de Bercy à l’Élysée, alors même qu’elle fragilise la promesse originelle du macronisme : celle de l’émancipation par le travail, de la mobilité dans les carrières. 

Avec la réforme des retraites, l’employabilité des seniors est un point crucial. L'idée de rendre payantes ces formations est vécue comme une catastrophe par le secteur. Comme le ministère n’a pas pu concerter avant le vote de la loi, il organisera d’ici fin février des concertations avec les partenaires sociaux, les organismes de formation et les parlementaires. C’est là que se jouera l’avenir du CPF. 

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