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La stratégie du Rassemblement national pour les prochaines municipales

Le Rassemblement national s’oppose à la réforme des retraites, mais refuse de descendre dans la rue. Sa stratégie : se focaliser sur l'Assemblée et préparer les prochaines élections notamment les municipales. Le brief politique de Jean-Rémi Baudot.
Article rédigé par Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale, dans l'hémicycle le 22 novembre 2022 (CHRISTOPHE PETIT TESSON / EPA)

Les prochaines élections municipales de 2026, ça peut paraître loin. Pourtant, tous les partis s'y préparent déjà. C’est un long travail d’organisation. Mais pour le RN, il y a un enjeu supplémentaire : après 88 députés au Parlement, et avant la prochaine présidentielle, les municipales sont vues comme une étape importante pour ancrer le parti de Marine Le Pen dans le territoire.  

>> Référendum sur la réforme des retraites : quand le RN vole la vedette à la Nupes

Sur les municipales, le RN part de loin : les dernières élections ont été un camouflet pour le Rassemblement national. Derrière le "trophée" de Perpignan, seule ville de plus de 100.000 habitants gérée par l’extrême-droite, le RN n’a pas réussi à élargir son implantation. Pire, il a récolté moins de conseillers municipaux en 2020 qu’en 2014, et les grandes villes comme Paris lui sont aujourd’hui totalement fermées. C’est ça que Marine Le Pen veut changer.

La stratégie se résume en deux mots : "Têtes d’affiche". En clair : il faut que les candidats RN soient mieux identifiés. Que les nouvelles figures du RN, les députés, les eurodéputés... Toute cette nouvelle génération avec le tampon "Vu à la télé" soit présente sur le terrain et prenne sa part. 

Mettre des têtes d'affiche RN dans les villes à conquérir

En privé, Marine Le Pen explique vouloir inverser ce qu’elle considère être un cercle vicieux : de faibles scores, donc moins de militants, donc moins de têtes d'affiche, donc moins de scores, etc. La direction du RN veut croire que l’élection des députés en nombre peut redonner des perspectives à un électorat abstentionniste. 

L’autre question, ce sont les grandes villes. Après les municipales de 2014, des stratèges frontistes avaient considéré que les métropoles étaient perdues. La sociologie de ces grandes villes, les cadres, les CSP+, ne favorise pas le RN. Mais la nouvelle direction veut remobiliser les troupes, y compris en région parisienne. "Tu ne peux pas faire 50% au national si tu fais 10% en Île-de-France", théorise un important député… C’est le score qu’avait fait Jordan Bardella aux dernières régionales.

D’ici aux prochaines municipales, le RN veut prouver qu’il est crédible, qu’il n’est plus un parti contestataire, mais qu’il propose des lois et qu’il peut gérer des collectivités. C’est tout l’enjeu de la séquence à l’Assemblée sur les retraites. Quelques dizaines d’amendements RN quand la Nupes en dépose des milliers. Marine Le Pen se positionne sur le social : elle campe plus que jamais les questions d’inflation et de pouvoir d’achat. Le reste, l’ancienne candidate à la Présidente semble persuadée qu’il ne s’agit plus que d’une question de temps.

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