Pourquoi le prix du cacao s’envole-t-il ?

À la veille des fêtes de Pâques et de ses traditionnels œufs en chocolat, le prix du cacao flambe sur le marché international. Les cours viennent de dépasser les 6 000 dollars la tonne, du jamais vu depuis 1977.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'"or brun" ivoirien, des fèves de cacao mise à sécher au soleil (photo d'illustration). (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

Depuis janvier de l’année dernière, le prix du cacao, a plus que doublé sur les marchés de gros de référence, à New York et Londres. Les fèves de cacao sont touchées par des maladies causées par d’abondantes pluies en Afrique de l’Ouest. La production ne supporte pas la trop forte humidité et le manque d’ensoleillement. La baisse de cette production entraîne celle de l’offre et donc un renchérissement du produit qui se raréfie.

La Côte d’Ivoire est de loin le premier pays producteur de cacao au monde, suivie du Ghana. À eux deux, ils fournissent près de 60% de la production mondiale de fèves, et les pertes engendrées par les mauvaises conditions climatiques sont très sensibles jusque sur le plan politique. Un précédent déficit d’offre, qui avait fait flamber les cours mondiaux, profitable aux négociants – qui plus est en plein crise politique ivoirienne en 2010-2011 – avait entraîné la mort de 3 000 personnes en Côte d’Ivoire.

Hausse du prix des produits chocolatés

Comme les problèmes climatiques se multiplient dans ces pays, une amélioration rapide de la situation est incertaine. Producteurs et négociants s’inquiètent d’une nouvelle année de production insuffisante provoquée par le phénomène climatique El Niño qui menace clairement les cultures d’Afrique de l’Ouest avec un temps chaud et sec. Cela pèserait sur la prochaine récolte, augmenterait le déficit d’offre sur le marché international et provoquerait donc une nouvelle flambée des cours. Avec des conséquences que l’on imagine sur le prix de tous les produits chocolatés fabriqués à base de cacao.

Le phénomène ira bien plus loin que les fêtes de Pâques, le prix de nos tablettes de chocolat et des autres produits dérivés n’est pas près de baisser. D’autant que de plus en plus de fonds d’investissements américains et britanniques alimentent cette volatilité du marché du cacao avec la spéculation. L’"or brun" n’a jamais mieux porté son nom, mais pas pour tout le monde : les producteurs ivoiriens et ghanéens attendent toujours de récolter les fruits de cette spéculation, qui est clairement pour eux une double-peine avec les intempéries.

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