Le brief éco. Un avion propre dans 15 ans, est-ce possible ?
Le projet de construire un avion qui n'émet plus de CO2 est maintenant prévu pour 2035, au lieu de 2050. 15 ans de moins pour voir décoller un avion aux moteurs à hydrogène, voire électriques.
Le plan d’aide à la filière aéronautique annoncé par le gouvernement (15 milliards d’euros au total) prévoit un soutien à la recherche-développement, et l’un des objectifs est de construire un avion neutre en émission carbone en 2035. Est-ce réalisable ?
Selon le président du Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), Eric Trappier, l’objectif visé est "ambitieux… mais faisable". Après tout, ça nous laisse 15 ans. Le but est de parvenir à un avion qui n’émette plus de CO2, en ayant totalement recours au moteur à hydrogène.
Est-ce possible pour tous les types d’avions ?
Selon Eric Trappier, par ailleurs patron de Dassault-Aviation, la maîtrise d’un appareil à hydrogène est une piste sérieuse pour l’aviation d’affaire, l’aviation commerciale, à condition d’y introduire un peu plus d’électrique, et de renforcer la dose numérique pour faire des avions plus connectés qui permettent d’optimiser les systèmes de guidage, donc des trajectoires. Pour schématiser : en plus de moyens de propulsion plus propre, un avion dont la technologie embarquée permet de prendre des raccourcis fait économiser du carburant.
Moderniser l’outil de production, l’ambition est là
Maintenant, se pose la question des moyens à déployer y parvenir en 2035. D’autant qu’initialement, c’est l’échéance de 2050 qui était évoquée pour voir naître cet avion révolutionnaire. Donc, comment gagner quinze ans sur le calendrier ? D’abord, il faut moderniser l’outil de production. Pas uniquement les usines d’Airbus mais aussi de la myriade d’entreprises, parfois familiales, PME et PMI, qui font la richesse de l’industrie aéronautique française. L’Hexagone en compte environ 1 500, avec les sous-traitants.
Gagner en compétitivité
Cela veut dire également gagner en compétitivité face à la concurrence (Chine et États-Unis). D’où la nécessité de voir européen, donc plus loin que le milliard et demi débloqué par l’État français sur trois ans pour le volet recherche-développement (aux États-Unis nous en sommes à douze milliards de dollars, dix milliards d’euros). Tout cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais c’est aujourd’hui qu’il faut appuyer sur le bouton. C’est finalement le côté positif de la violente crise que nous traversons : concrétiser, loin des grands messages mais très près de la réalité : imaginer et construire demain, avec des rêves peut-être un peu fous, mais de faire en sorte qu’ils soient réalisables.
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