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Le brief éco. Europe de l’espace : les grandes manœuvres

La fusée russe Soyouz a envoyé, dimanche 17 décembre, trois astronautes vers la station spatiale internationale. Au même moment, une capsule américaine venait ravitailler les occupants de l’ISS. Derrière l’aventure spatiale se cache une rude bataille commerciale.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La fusée russe Soyouz a envoyé dimanche 17 décembre trois astronautes vers la station spatiale internationale. (KOTA KAWASAKI / YOMIURI)

L'Europe spatiale vit en ce moment une révolution dont on n'a pas forcément conscience. Il y a l'aventure de la station spatiale internationale que franceinfo vous a fait vivre il y a quelques mois avec son "envoyé spatial", Thomas Pesquet. Mais le vrai sujet est celui de la mise en orbite des satellites qui nous livrent, et livreront, les informations toujours plus précises, notamment en matière de géolocalisation.  

Voiture connectée et guidage automatique  

La voiture autonome est un enjeu important. Mais il y a surtout l’indépendance et la souveraineté de l'Europe en matière de renseignement et de maîtrise des nombreuses capacités. La bataille se joue entre deux systèmes : le GPS américain et Galiléo, un système que les Européens vont s’approprier progressivement.

Galiléo sera, à terme, une constellation d’une trentaine de satellites qui communiquent entre eux. Pas moins de 22 sont déjà déployés, quatre ont été lancés avec succès la semaine dernière par Arianespace depuis le Centre spatial guyanais de Kourou. En résumé, le GPS américain permet de nous localiser dans une rue. La précision de la technologie européenne Galiléo nous permettra de nous situer à trente centimètres près.  

Bataille technologique et économique  

La lutte est inégale. Le programme Ariane doit faire face à la vive concurrence du milliardaire américain Elon Musk et ses lanceurs à bas coûts. Les deux tiers de son carnet de commandes sont institutionnels, assurés par les finances publiques américaines à des prix supérieurs au marché. En clair, l’opérateur privé est financé par des fonds publics et peut donc aller casser les prix sur le marché concurrentiel.

Face à cela, le CNES (Centre national d'études spatiales), Ariane Group et Arianespace préparent le successeur d’Ariane 6 dont le premier lancement est prévu en 2019. Le lanceur est plus léger, moins cher. Mais l’efficacité du programme dépendra surtout de l’agilité de l’Europe. Une myriade de structures gravite aujourd'hui autour de l’Agence spatiale européenne chargée de mettre en œuvre la politique d’une Europe trop morcelée. Il est urgent de clarifier les rôles, rationaliser les structures, mutualiser les compétences. L'imbroglio actuel arrange bien l’américain Elon Musk qui ne peut que continuer à gagner des parts de marché face aux industriels européens qui sont pourtant prêts. Il faut vraiment que ça bouge sur le plan politique de ce côté de l'Atlantique.

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