Le brief éco. Crédit : les taux bas, une aubaine ou un danger ?
Rendez-vous annuel, à Jackson Hole, dans l’État du Wyoming, dans l’ouest des États-Unis, des dirigeants des grandes banques centrales à partir de jeudi. Ils vont évoquer les taux d'intérêt qui sont au plus bas et qui continuent à baisser.
Un sujet mondial mais qui a des conséquences directes, pour nous en France : les taux d’intérêt sont de plus en plus bas. Emprunter de l’argent est de moins en moins cher. Jeudi 22 août, les dirigeants des grandes banques centrales vont se réunir aux Etats-Unis. C’est leur rendez-vous annuel, à Jackson Hole. Ils vont en parler, bien sûr. Est-ce que les taux vont continuer à baisser ?
Pour l’instant, ils continuent ! Et cette baisse fait des gagnants. Par exemple, les crédits immobiliers. Le taux d’intérêt est douze fois plus bas qu’à la fin des années 1980. Les entreprises, elles aussi, peuvent emprunter beaucoup plus facilement. En France, la dette des entreprises est en forte hausse : 73% du produit intérieur brut. C’est un sujet à surveiller, d’ailleurs. Mais le grand gagnant, c’est l’État. La France emprunte à taux négatif. Comme l’Allemagne. Pour les investisseurs, la France est un placement sûr. Ils sont prêts à payer pour acheter de la dette française. Autrement dit, en ce moment, dans certains cas, quand l’Etat emprunte de l’argent, il gagne de l’argent. Or, la charge de la dette est colossale. L’Etat avait prévu d’y consacrer 42 milliards cette année. Finalement, ce sera plutôt 40 milliards. Deux milliards de moins, en période de crise, ça compte.
Après la crise financière, les banques centrales ont baissé les taux d’intérêt
À l’époque, c’était une mesure d’urgence, pour soutenir l’économie, pour stimuler le crédit, pour rendre l’argent moins cher. Mais les taux bas sont devenus une habitude, et pour certains pour une obsession. Depuis des mois, Donald Trump, le président des Etats-Unis, harcèle la Réserve fédérale. Il veut à tout prix que la Banque centrale américaine continue à baisser ses taux. Elle l’a déjà fait cet été, pour répondre au ralentissement de l’économie mondiale, et aux tensions commerciales. Mais la Maison Blanche veut que la FED aille plus loin, pour faire baisser le dollar, pour doper l’économie américaine avant la prochaine élection présidentielle. La Réserve fédérale, qui est normalement indépendante, prendra une décision le 18 septembre. La Banque centrale européenne va devoir se décider elle aussi. Tout le monde se surveille.
Est-ce que c’est dangereux ?
Cette dette, ici ou aux Etats-Unis, il va falloir la rembourser. Mais le danger, surtout, c’est la déstabilisation. Plus personne n’y comprend rien. La baisse des taux n’est pas une baguette magique. D’un côté, elle fait des gagnants. Mais d’un autre côté, elle provoque des risques financiers, nouveaux. Une situation inédite. La boussole est cassée. Nous avançons en terre inconnue.
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