L’opération a été bouclée et officialisée mercredi 5 octobre. On peut s'autoriser une petite larme en voyant partir cette entreprise qui était bien ancrée dans le patrimoine français. Fondé en 1557 par la famille Montgolfier à Annonay, en Ardèche, Canson est le papier des beaux-arts par excellence. Le repreneur italien reconnaît qu’il met la main sur l’entreprise la plus prestigieuse au monde dans le secteur de la production et de la distribution de papier à haute valeur ajoutée.Pourquoi cette vente aujourd’hui ?Depuis 2007, Canson appartenait au groupe normand Hamelin, qui commercialise également les marques Oxford et Elba. Connu dans le monde entier, Canson a dégagé l’an dernier un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros (+5% sur un an) mais n’était plus considérée comme stratégique par Hamelin, qui a décidé de se recentrer sur les fournitures scolaires et le matériel de bureau.L’Italien Fila fait une bonne affaire. Il rachète Canson pour 85 millions d’euros, peut-être 15 millions supplémentaires si les résultats sont encore au rendez-vous cette année. Du même coup, il reprend les sites de production en France, mais aussi en Italie, aux Etats-Unis, au Brésil... jusqu’en Chine. Fila promet même d’investir en Ardèche pour un projet logistique.Quelles perspectives de croissance ?Le marché des beaux-arts présente l’immense avantage – pour ne pas dire privilège – de ne pas être touché par le digital comme d’autres secteurs. Une aquarelle restera une aquarelle, un dessin au fusain restera un dessin au fusain. Aussi moderne soit-il grâce aux derrières prouesses technologiques, l’écran ne remplacera jamais le papier de qualité.Le marché des beaux-arts est d’ailleurs en progression de 5 à 6% par an, ce qui est loin d’être négligeable à l’heure du numérique, et cela permet de réaliser de belles marges.Mais Hamelin a choisi une autre voie. Quant à l’Italien Fila, en mettant la main sur Canson, il entend devenir l’un des principaux acteurs des beaux-arts dans le monde, en continuant de porter haut les couleurs bleu-blanv-rouge grâce aux 260 salariés français qu'il s'est engagé à garder pour perpétuer le savoir-faire maison.