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Le brief éco. Bonus-malus : pourquoi le Medef a quitté la table des négociations sur l'assurance chômage

Le patronat a claqué la porte de la négociation sur l’assurance chômage. Il s'oppose au président de la République qui veut mettre en place le dispositif de bonus-malus réclamé par les syndicats pour lutter contre la précarité. 

Article rédigé par Isabelle Raymond
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Dossier sur l'assurance chomage. (MAXPPP)

Le patronat a quitté la négociation sur l’assurance chômage, lundi 28 janvier. Ce sont les petites phrases d'Emmanuel Macron jeudi 24 janvier sur le "bonus-malus", qui ont fait bondir le patronat. Et immédiatement. Le président assurait que le bonus-malus était "vertueux" et il évoquait "ces entreprises qui utilisent le système" et qui "externalisent la précarité".

D'après nos informations, l’idée de claquer la porte a surgi dès vendredi. Les numéros un de la CPME et du Medef, François Asselin et Geoffroy Roux de Bézieux, se sont appelé dans la foulée. Et dès la semaine dernière, ils ont convenu que s’ils quittaient la table des négociations ils le feraient tous ensemble. C’est donc l’option qui a été retenue avec un objectif : obliger le gouvernement à sortir du bois sur ses intentions réelles.

"La palme d’or du foutage de gueule"

Dans l’entourage de la ministre du Travail Muriel Pénicaud, on assure que ce qu’a dit le président est extrêmement clair, d’autant que le bonus-malus était inscrit dans le programme du candidat Macron. D’ailleurs un bon connaisseur du dossier qui est très en colère déclare : "Le cirque du patronat sur les contrats courts, c’est la palme d’or du foutage de gueule". Mais la question du bonus-malus ne fait pas l’unanimité au sein du gouvernement. Certains poids lourds ne sont pas favorables à son instauration. D’ailleurs, ce que l'on appelle la lettre de cadrage de la négociation sur l’assurance chômage, qui fixe donc le cadre des discussions, n’en fait pas mention.

Est-ce que le patronat s’en est du coup senti affranchi ? Il a en tout cas fait une série de propositions alternatives qui, d’ailleurs, ne règlent pas le problème de la précarité, selon de nombreux syndicats qui parlent même de provocations. Une quinzaine de propositions que le Medef a commencé à détailler à l’oral aux syndicats mercredi dernier, à la veille de la sortie du président de la République qui, visiblement, n’a pas apprécié. La séance prévue dans deux jours est pour l'instant suspendue.

Gouvernement et patronat dos à dos

Le gouvernement peut très bien reprendre la main sur l’assurance chômage. Surtout que le patronat ne veut surtout pas subir la même déconvenue que l’an dernier sur la formation professionnelle. Un accord avait été trouvé entre organisations syndicales et patronales. Mais l’encre n’avait même pas encore séché que le gouvernement s'asseyait dessus et que Muriel Pénicaud annonçait d’autres mesures, qu’elle qualifiait elle-même de big bang. Une expérience traumatisante que veut éviter le patronat. "On ne veut pas une nouvelle fois passer pour des pommes" confie ainsi une source patronale.

Alors, qui cèdera le premier ? L’État et le patronat risquent fort de se retrouver dans une impasse. On voit mal qui que ce soit voler – vu le contexte actuel – au secours du patronat qui avait le temps de trouver des solutions acceptables pour limiter l’abus de précarité. Et de l’autre, le gouvernement peut difficilement assumer de faire voler en éclat la dernière vraie négociation paritaire et prendre des mesures tout seul en vue de faire des économies de près quatre milliards d’euros sur l’assurance chômage.

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