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Réforme de la formation professionnelle : à quoi va ressembler le big bang décidé par Muriel Pénicaud

La ministre du Travail Muriel Pénicaud présente lundi son projet de réforme de la formation professionnelle, qu'elle a promis être un vrai changement. franceinfo et "l'Opinion" en révèlent les contours.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet (l'Opinion)
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
La ministre du Travail, Muriel Penicaud, à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), le 31 janvier 2018. (MAXPPP)

C’est un camouflet pour le patronat et les syndicats. Le gouvernement leur avait demandé de négocier et de revoir le système de formation professionnelle de fond en comble. Mais la réforme qu’ils proposent ne va pas assez loin. La ministre du Travail revoit elle-même la copie. Muriel Pénicaud présente lundi 5 mars les contours de sa réforme présentée comme un big bang. franceinfo et l'Opinion en révèlent les contours. Elle sera inscrite dans le projet de loi destiné à apporter plus de sécurité aux salariés. Le texte contiendra aussi les volets "apprentissage" et "assurance chômage" et sera présenté mi-avril en conseil des ministres.

Le compte personnel de formation totalement modifié

Il prévoit un changement important du côté du compte personnel de formation (CPF) que chaque actif peut créer pour se former. Jusqu'à présent, les heures de formation étaient facturées à des prix différents, en fonction des organismes ou des régions. Cela générait de gros abus. Le gouvernement veut y met un terme. Le compte sera désormais comptabilisé en euros et non plus en heures. Chaque actif devrait avoir, au minimum, 500 euros par an. Pour les moins qualifiés, ceux qui ont le plus besoin de formation, le compte pourrait être abondé jusqu’à 800 euros par an, avec un plafonnement à 8 000 sur dix ans.

La réforme doit également modifier le mode de financement de ce compte personnel de formation. Jusqu'à présent les syndicats et le patronat collectaient l’argent et le géraient. L’État reprend la main car il estime que la gestion n’était pas correcte. Il propose que la participation des entreprises à la formation, la cotisation qu’elles payaient, se fasse via les Urssaf. Le texte prévoit une période de transition. La collecte par les Urssaf pourrait se faire d’ici 2020-2021.

32 milliards d'euros par an

Dans la nouvelle organisation présentée par Muriel Pénicaud, les organismes qui collectaient l’argent de la formation ne géreront plus l’argent. Ils devront mieux se concentrer sur le contenu des formations, sur l’accompagnement ou les conseils aux salariés. L’objectif du gouvernement est bien de faire en sorte que certains disparaissent. Il y en avait pléthore. C’était une des sources de l’inefficacité du système.

Dans ce projet de loi sur la formation professionnelle, l'État veut reprendre le pouvoir sur ce système représentant une enveloppe de 32 milliards d’euros par an. À terme, il y aura moins d’intermédiaires. Le salarié sera plus autonome dans le choix des formations. Il pourra par exemple, se former directement, en ligne, via les "Mooc", qui seront reconnus comme de vraies formations en tant que telles. Le salarié pourra choisir et acheter directement sa formation via une application numérique que souhaite créer le gouvernement. Il y aura aussi la mise en place d'une sorte de "tripadvisor" pour que les salariés se repèrent dans les offres de formation et qu'ils puissent noter les formations.

Enfin, le gouvernement veut encourager les reconversions professionnelles, là encore en simplifiant les possibilités d’y avoir accès. L’enjeu est bien de faire en sorte que l’on se prépare mieux aux métiers de demain.

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