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Inégalités des chances : venir d'un milieu modeste et être une femme pénalise davantage que d'être enfant d'immigré

L’origine sociale et le sexe sont des facteurs plus déterminants dans le déroulement d'une carrière que l’origine migratoire. C’est ce qui ressort de la dernière enquête menée par France Stratégie.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
60% des écarts de revenus entre les deux sexes sont imputables à la naissance des enfants. (Photo d'illustration). (ROGER WRIGHT / THE IMAGE BANK RF)

France Stratégie a interrogé quelque 109 000 personnes sur une tranche d'âge allant de 30 ans jusqu'à la fin de la quarantaine. Parmi les facteurs qui expliquent l’inégalité des chances, derrière l’origine sociale et le sexe, l’ascendance migratoire arrive en troisième position. L’organisme rattaché à Matignon jette un regard nouveau sur ce sujet de société.

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Les questions liées à l’immigration polarisent de plus en plus le débat public. Or, comme le constate France Stratégie avec ses investigations, l’environnement dans lequel nous grandissons ne prédit pas ce que nous devenons à l’âge adulte car il y a une grande diversité des parcours individuels.

Un impact sur les revenus

À origines migratoires et territoriales comparables, 1 100 euros en moyenne par mois séparent les personnes d’origine favorisées et celles d’origines modestes. L’écart atteint 600 euros entre hommes et femmes contre 150 euros entre descendants d’immigrés d’Afrique et personnes sans ascendance migratoire particulière.

Cela veut dire que l'antériorité migratoire compte sept fois moins que l’origine sociale dans la détermination des revenus. Dit en d’autres termes, venir d'un milieu modeste en France peut pénaliser plus que d'être enfant d'immigré.

Les femmes discriminées par la maternité

Les disparités entre femmes et hommes restent très fortes. L’écart de revenus de 600 euros entre les deux ne s’explique pas par le parcours éducatif puisque les femmes sont plus diplômées que les hommes. La différence vient du fait que les femmes travaillent en moyenne dans des filières moins rémunératrices.

Sans parler de la maternité : 60% des écarts de revenus entre les deux sexes sont imputables à la naissance des enfants. Les salariées subissent une baisse de revenus de 20% alors que chez les hommes, les revenus ne bougent pas entre ceux qui ont eu des enfants et ceux qui n’en ont pas eu. Vu toutes ces données, les auteurs de l'étude refusent l’idée d’un "déterminisme social" dans l’Hexagone et préfèrent parler de l’hétérogénéité des parcours, donc des destins.

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