Déficit public : le gouvernement va maintenant devoir convaincre Bruxelles
Le gouvernement conserve l’objectif de passer sous les 3% de déficit public en 2027. Le Premier ministre, Gabriel Attal, l’a confirmé lors de son intervention dans le 20H de TF1, mercredi 27 mars, mais l’objectif ne convainc pas l’agence de notation Moody’s. Celle qui fait la pluie et le beau temps sur le remboursement de notre dette s’est fendue d’un communiqué, avant l’intervention du Premier ministre à la télévision. Ce qui est très rare, voire inédit, car une telle agence publie sa note le moment venu mais ne commente pas avant. Moody’s juge "improbable" que la France tienne son objectif de réduire le déficit public d’ici la fin du second quinquennat d'Emmanuel Macron. L’agence estime que les dizaines de milliards d’euros d’économies supplémentaires annoncées seront insuffisantes pour "remettre le gouvernement sur la trajectoire budgétaire prévue".
Vers une dégradation de la note de la France ?
On ne peut pas anticiper la décision souveraine de l’agence américaine qui se prononcera le 26 avril. Mais une chose est certaine, toute la communication menée tambour battant, à laquelle nous soumettent Matignon et Bercy en ce moment – les annonces du Premier ministre mercredi soir sur TF1 en font partie – sont justement destinées à convaincre les agences de notation que Paris fait tout pour tenir ses engagements. Une dégradation de la note de la France renchérirait le remboursement de notre dette auprès des marchés financiers.
Jusqu’à présent nous n’en avons pas entendu parler car c’est une procédure très technique, mais elle très importante et nous emmène à Bruxelles. Paris va devoir envoyer aux instances européennes d’ici le 20 avril un programme de stabilité budgétaire. C’est-à-dire signifier la trajectoire de correction des finances publiques de manière pluriannuelle jusqu’en 2027. Tout cela pourquoi ? Pour faire en sorte que Bruxelles ne nous demande pas des ajustements financiers. Car nous serions mis à l’index de l’Union européenne et très probablement obligés de prévoir un nouveau train de ralentissement des dépenses pour rentrer dans le cahier des charges européen.
On voit mal comment la France peut échapper à l’ouverture de ce que l’on appelle une "procédure de déficit excessif". D’où le mot lâché mardi par Gabriel Attal à l’Assemblée nationale : la "rigueur" ! Tout se tient, et est très bien orchestré. C’est maintenant aux agences, et à Bruxelles, de se prononcer.
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