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Santé : pour la première fois, une étude fait état de microplastiques dans du sang humain

C’est une pollution inquiétante que l’on avait déjà repérée dans les océans, dans certains aliments et même dans l’air pur des montagnes. Cette fois, c’est inédit, des scientifiques ont retrouvé des microplastiques dans le sang humain

Article rédigé par franceinfo - Annne Le Gall
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des échantillons de sang humain. (MAXPPP)

Ces chercheurs de l'université libre d’Amsterdam, aux Pays Bas, ont analysé les prises de sang de 22 donneurs anonymes - tous des adultes en bonne santé - et ils ont trouvé des microparticules de plastique chez 17 d’entre eux, soit 80 % du panel. "C’est la première fois, que l’on parvient à détecter et quantifier" de tels microplastiques dans du sang humain, expliquent ces chercheurs dont les travaux ont été publiés dans une revue internationale sur les sciences de l'environnement. Leur échantillon est réduit mais leur méthodologie est jugée très robuste.
 
La moitié des échantillons contenaient du PETpolyéthylène téréphtalate –, que l’on retrouve dans la composition des bouteilles en plastiques ou des vêtements en polyester notamment. Plus d'un tiers des prélèvements renfermait aussi du polystyrène, utilisé entre autres pour des emballages alimentaires. Et il y avait aussi des traces de polyéthylène, que l’on retrouve dans les sacs plastiques. Ce sont des particules particulièrement fines, invisibles à l'œil nu, d'au moins 0,0007 millimètre.

Pour les chercheurs, ces microplastiques ont pu pénétrer dans le corps aussi bien par inhalation de particules dans l'air, que par l'eau, la nourriture, ou encore par contact avec des produits d'hygiène ou cosmétiques. Ces mécanismes restent encore à éclaircir.

Des effets sur le corps humain ?

On ne sait pas encore si cela peut avoir des conséquences pour la santé quand ces microplastiques se retrouvent dans notre corps. Pour l’instant, c’est l’inconnu. L’organisme est capable d'évacuer une partie de ces plastiques, par voies naturelles, mais une autre partie peut-elle rester stockée dans les organes ? Et à partir de quelles concentrations, pourraient-elles déclencher une maladie ? Voilà les questions auxquelles ces scientifiques aimeraient répondre.

En 2020, des micro-plastiques avaient été retrouvés dans le placenta de femmes à leur accouchement, sans que cela ait eu de conséquences apparentes sur leur grossesse. Mais certaines études menées en laboratoire ont montré que les microplastiques peuvent endommager les cellules humaines. Cette équipe de l’université d’Amsterdam réclame donc des financements pour poursuivre leurs recherches. Et il y a urgence : la production de plastique devrait encore doubler d’ici 2040. Or 10% des déchets plastiques seulement sont recyclés au niveau mondial et cela pose la question de leur persistance dans notre environnement. 

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