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Le billet vert. Qu'est ce que la cellule Demeter ?

Les agriculteurs se sentent attaqués, critiqués et se disent victimes d’agribashing. 
Le gouvernement leur a rappelé son soutien au Salon de l'agriculture avec la mise en place d'une cellule de gendarmes pour lutter contre les atteintes au monde rural.

Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les vols de GPS agricoles sont très courants. La Cellule Demeter aide à chercher les voleurs. Photo d'illustration. (MAXPPP)

Au Salon de l'agriculture, le gouvernement vient soutenir le monde agricole qui affronte les critiques sur certaines pratiques d'élevage ou d'usage des pesticides chimiques de synthèse. Le ministère de l'Intérieur, à la demande la FNSEA et des Jeunes agriculteurs, a mis en place en décembre dernier la cellule Demeter : du nom de la déesse grecque des moissons. Il s'agit d'une convention signée par la gendarmerie nationale et les deux syndicats pour faire un suivi des atteintes au monde agricole et de la chasse. Dans tous les départements français, il s’agit d’éviter que les exploitants ne soient menacés ou attaqués.

Un tracteur est volé en moyenne chaque jour

Avant les critiques sur ces pratiques, ce sont des faits de délinquance qui empoisonnent la vie quotidienne des exploitants. Quand on regarde de près les chiffres 2019 de la gendarmerie, 64,5% des problèmes viennent de vols de véhicules ou de matériels. Un tracteur est volé chaque jour en moyenne. Dans les Hauts-de-France ou le Centre-Val-de-Loire, ce sont les GPS agricoles, véritables ordinateurs de bord à 10 000 euros pièce qui sont régulièrement dérobés. Un réseau mafieux organisé depuis la Lituanie a même été démantelé en novembre dernier.

Il y aussi de nombreux cambriolages pour prendre des récoltes ou de l’argent, ainsi que des dégradations, comme ceux qui vont faire du quad dans les champs. Sur 14 500 actes en 2019, la gendarmerie estime qu’il y a eu une quarantaine d’intrusions de militants de la cause animale, principalement contre des élevages hors sols, ceux du collectif Boucherie abolition par exemple, qui s’étaient introduits dans un élevage de dindes dans l’Eure. Plusieurs de ces militants ont écopé de six mois de prison avec sursis.

Des observatoires départementaux de "l'agribashing"


Pour lutter contre ces faits de délinquance, la cellule Demeter a réactivé le dispositif Vigi agri qui existait depuis six ans, pour que les agriculteurs soient prévenus par sms en cas d’intrusion dans leur zone. Le ministère de l'Intérieur a aussi demandé aux préfectures de mettre en place des observatoires de l’"agribashing" avec les gendarmes. Ils existent dans une vingtaine de départements aujourd'hui pour surveiller les posts facebook, twitter, et infiltrer les réseaux militants afin "d'éviter que des mouvements radicaux ne débordent en acte violent, tout en respectant la liberté d’expression", selon les termes de la convention. Mais l'équilibre semble difficile a trouver.

Plusieurs associations environnementales estiment que ces observatoires donnent un sentiment d’impunité à certains agriculteurs. Il y a dix jours, la maison régionale de l’environnement de Toulouse a été la cible de jet d’œufs et d’ordures par des représentants de la FDSEA de Haute-Garonne. En Gironde, des riverains opposés à l'usage de pesticides cancérigènes par leurs voisins agriculteurs n'ont pas apprécié d'avoir la visite des gendarmes pour leur demander en quoi consistait leur collectif. Préférer le bio deviendrait-il de l’agribashing ? Et si c’était finalement Eris, la déesse de la discorde, qui se cachait derrière la cellule Demeter ?

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