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Le billet vert. Pesticides : un an après son lancement, "l'appel des coquelicots" essaime dans les régions

Le mouvement citoyen "Nous voulons des coquelicots" fête sa première année d'existence. Il gagne du terrain dans les campagnes françaises en appelant à la fin des pesticides de synthèse.

Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Rassemblement du mouvement "Nous voulons des coquelicots" à Besançon, le 2 novembre 2018. (ANNE FAUVARQUE / RADIO FRANCE / MAXPPP)

"Quand un pesticide est interdit, dix autres prennent sa place. Nous ne reconnaissons plus notre pays. Rendez-nous nos coquelicots !", c'est le mot d'ordre lancé le journaliste indépendant Fabrice Nicolino. Le rescapé de la tuerie de Charlie Hebdo a été marqué par les études sur la disparition des insectes et des oiseaux des champs en France. Avec quelques proches, il a décidé de lancer une pétition sur internet, "Nous voulons des coquelicots", pour demander l’interdiction de tous les pesticides de synthèse. En un an, plus de 800 personnes l'ont signé, cet appel des coquelicots. Pour faire vivre cet appel, ils proposent aussi aux signataires de se rassembler devant leur mairie chaque premier vendredi du mois à 18h30.

Leur emblème est une petite cocarde rouge, un coquelicot. Cette fleur a été choisie comme symbole, parce qu'elle est à la fois capable de pousser sur des sols très pauvres, mais elle est aussi très fragile parce qu'elle se fane à peine ouverte.

Des rassemblements dans 800 communes

En un an, sans autre relai qu'internet, le mouvement a gagné la Bretagne, la région Auvergne-Rhône Alpes et l'Occitanie. Au-delà du nombre de signataires, ce qui est intéressant c'est ce qui se passe dans ce mouvement. Il ne prend pas dans les grandes villes, moins concernées par les épandages, mais vraiment dans de petites villes ou villages.

Parfois, ils sont 50 à se réunir devant leur mairie, parfois ils sont quatre. Dans la petite commune de la Vergenne, en Haute-Saône, Pierre, âgé de 88 ans, a ému l'assistance en décrivant la campagne de son enfance, avant les pesticides de synthèse. Il a raconté qu'il y avait des truites dans la rivière, des pommiers, des criquets, des sauterelles. Et les coquelicots.

Dans d'autres petites villes, les signataires font venir des chercheurs du CNRS pour des conférences sur la permaculture, des apiculteurs et des agriculteurs bio pour qu'ils expliquent comment on peut produire de la nourriture en limitant son impact sur la nature. On se donne aussi des tuyaux entre jardiniers et on parle de ses doutes et de ses espoirs.

Un mouvement d'utopistes ou de visionnaires ?

C'est un mouvement qui change lentement et discrètement la base de notre société, un peu comme celui des Amap. Au sein de ces associations pour le maintien de l'agriculture paysanne, un groupe de consommateurs passe un contrat avec un maraîcher pour qu'il livre chaque semaine un panier de fruits et de légumes. Quand, il y a dix ans, on se demandait ce que c'était, les Amap sont aujourd'hui partout et leurs circuits courts ont même inspiré la grande distribution.

Ce mouvement échappe désormais totalement à ses fondateurs. Des adhérents ont parfois acquis des terrains pour installer un maraîcher, d'autres encouragent leur maire à prendre un arrêté pour limiter les pesticides comme celui de Langouët. Plus de 80 mairies soutiennent l'appel des coquelicots, le maire breton n'est donc que le premier d'une longue série à prendre ce type de décision.

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